Avril 1968. L’écrivain français Romain Gary (Denis Ménochet) vit à Los Angeles avec sa femme, l’actrice et militante Jean Seberg (Kacey Rohl), et leur fils, Diego. Partout aux États-Unis, des émeutes éclatent après l’assassinat de Martin Luther King. Un matin, le couple voit un berger allemand abandonné apparaître sur le pas de leur porte. Ils décident de l’adopter, avant de découvrir que l’animal a été dressé pour attaquer les Noirs.
Alors que tout le monde lui conseille d’euthanasier le chien, Romain Gary refuse d’accepter cette idée, qui va à l’encontre de ses valeurs humanitaires. Le romancier décidera d’amener le chien dans un chenil pour le confier à Keys (KC Collins), un dresseur afro-américain qui tentera de le “guérir”.
Métaphore
White Dog a déjà été porté à l’écran en 1982 par le réalisateur américain Samuel Fuller. Quarante ans plus tard, Anaïs Barbeau-Lavalette (The Firefly Goddess) propose une toute autre lecture de l’œuvre de Gary. La mort de George Floyd, au printemps 2020, et la montée en puissance du mouvement Black Lives Matter, ont poussé le cinéaste québécois à éclairer le sujet de cette histoire pour réfléchir à cette question : peut-on s’engager dans une lutte qui n’est pas la nôtre ? et si oui, comment faire ?
Photo gracieuseté de Go Films
Une scène de White Dog
Utilisant la métaphore du chien blanc, Anaïs Barbeau-Lavalette aborde des questions complexes et sensibles telles que le privilège blanc et le racisme systémique.
Même s’il s’agit de son film le plus ambitieux à ce jour, on reconnaît clairement le style d’Anaïs Barbeau-Lavalette dans sa façon de rester collée aux personnages en multipliant les gros plans sur les visages et en filmant leurs émotions à fleur de peau.
L’acteur français Denis Ménochet livre lui aussi une magnifique prestation sous les traits d’un Romain Gary fragile et touchant. Le film est entrecoupé d’images d’archives montrant des scènes de protestation de l’époque, ainsi que de belles séquences poétiques. La cinéaste manque cependant un peu de subtilité en soulignant, à la fin de son film, les parallèles avec le récent mouvement Black Lives Matter. Les vies des noirs comptent.
Chien blanc ★★★★☆
Un film d’Anaïs Barbeau-Lavalette avec Denis Ménochet, Kacey Rohl et KC Collins. Sur l’écran.