Seule Kim Thúy peut révéler si joliment des moments aussi sombres. D’ailleurs, qu’elle-même a vécu ! L’auteur des romans populaires Ru et Em a surpris tout le monde en partageant son histoire de violence domestique jusque-là inconnue. Si l’on ignore les détails des événements que l’auteur de 54 ans raconte (ni l’heure ni l’identité de l’homme en question) avec tant d’ouverture et de bienveillance malgré la violence, on comprend qu’il a vécu de nombreux épisodes psychologiques et psychiques . violence physique. Par qui? Jamais? Ou exactement ? L’histoire ne le dit pas. On sait seulement que l’auteur a profité de la carte blanche offerte par Solo (la nouvelle plateforme de Radio Canada qui permet aux artistes de tous horizons de partager des histoires intimes et personnelles) pour raconter cet épisode de sa vie passée dans une suspension d’hier. “Quand il m’a laissée sur le trottoir d’un quartier inconnu en plein hiver, à minuit, sans un dollar en poche ni des chaussettes dans mes bottes, j’avais peur qu’il n’appelle plus”, écrit-elle. la mère de deux enfants dans l’introduction de ce texte rugueux. “Quand il m’a lancé une planche, qui est tombée en morceaux après avoir percé un trou dans le mur à quelques centimètres au-dessus de ma tête, j’ai eu peur qu’il ne vienne plus avec moi au chalet d’un ami”, poursuit-il. On comprend peu à peu – de façon déchirante – que la somme des violences dont elle a été victime lui a fait craindre de perdre l’essentiel… : la chance d’aimer. “Quand il m’a poussé hors de l’ascenseur, assez fort pour que je heurte le mur du couloir et que je tombe au sol avec la pluie d’étoiles, et qu’il me laisse derrière, j’ai eu peur qu’il s’endorme au volant du long trajet jusqu’à la maison sans moi”, a-t-il encore écrit. Dans une chute déchirante et déchirante, l’auteure vietnamienne se souvient du moment où sa famille est venue la sauver de cet enfer. Tout en lui interdisant, par amour, de revenir vers cet homme violent. « J’ai réussi à ne pas répondre à ses appels après mon départ et à accepter ce qui me paraissait certain à l’époque, poursuit l’auteur : aucun autre homme ne me donnerait l’occasion de l’aimer. J’aime ça.” L’auteur n’était pas disponible pour un entretien avec Le Journal.