“L’intention dure tout au long de l’accélération” du fourgon, note le juge pour qui appuyer sur la pédale d’accélérateur est comparable à appuyer sur la gâchette d’une arme à feu. « La victime était dans son champ de vision et il a lancé 2,5 tonnes à toute vitesse sur Franck Labois. Pas de freinage, pas de ralentissement”, a-t-il ajouté.
Vol de paquets de lessive
Dans l’après-midi du drame, le policier, qui avait été appelé pour interpeller un groupe de malfaiteurs soupçonnés de vols violents de fret, avait sommé le chauffeur de s’arrêter alors que son camion était bloqué par des véhicules de police. Mais le prévenu de 24 ans, qui venait de voler un chargement de lessive avec ses complices, avait tenté de s’enfuir, frappant le policier et le traînant sur une dizaine de mètres. Plongé dans le coma, Franck Labois décède deux jours plus tard. Jugé depuis lundi pour le meurtre d’une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions, Farès D. a reconnu les faits survenus au barreau, mais a nié toute volonté de tuer. Pour les parties civiles, en revanche, le caractère volontaire est incontestable. “S’il ne le fait pas, il pense qu’il va se faire fusiller”, clame Me Laurent-Franck Liénart, qui représente les confrères de Franck Labois au Groupement d’Appui Opérationnel (GAO).
“Pas un méchant”
Décrit comme “bon et calme” par ses proches, mais aussi “influent”, l’accusé est tombé dans la délinquance en raison de sa minorité, comme l’a rappelé le tribunal après deux jours et demi de délibéré. Une dizaine de faits ont déjà été condamnés, et certaines condamnations sont toujours pendantes, notamment pour le vol de la nuit fatidique. “Je ne cautionne pas ce qu’il a fait, mais il n’est pas mauvais”, a plaidé sa mère. “Il ne voulait pas en arriver là, m’a-t-il dit”, raconte-t-elle. “Ce n’est pas un meurtrier, c’est un voleur”, a déclaré l’un de ses cousins, venu spontanément témoigner à la barre. Les témoignages se sont terminés par l’intervention du frère de la victime, qui a voulu s’adresser à l’accusé, malgré l’émotion qui lui liait le cou. “J’aimerais qu’il s’excuse auprès de ma mère”, dit-il en direction du jeune homme en s’inclinant devant sa loge. « Je ne voulais pas faire ça. J’ai vu une lacune, j’ai accéléré sans me dire que j’allais la toucher”, a-t-il plaidé au premier jour de l’audience de lundi. Le verdict est attendu dans la soirée.