Posté à 21h09
Elise Fiola La Presse
Toujours au plan, ce plan prévoit, entre autres, la protection de 24 000 hectares avec possibilité d’érablière. “Cela semble insuffisant quand on a une vision de croissance à long terme”, a déclaré le président des Producteurs acéricoles du Québec (PPAQ), Luc Goulet, en entrevue avec La Presse. Selon le syndicat, si Québec décide de garder son objectif, il choisira de sacrifier les érables qui seront perdus en foresterie. Parce que dans ces espaces publics, la foresterie et l’industrie acéricole veulent toutes deux des érables. L’un pour son bois, l’autre pour son jus. Les désirs des acériculteurs sont bien différents. Sur les 400 000 hectares d’érablières publiques qu’ils jugent disponibles, 200 000 veulent être alloués à « des activités durables comme la production de sirop d’érable, afin d’assurer son avenir pour au moins les 50 prochaines années ». Du côté du gouvernement, ils se disent ouverts à d’autres possibilités. La limite de 24 000 hectares pourrait être appelée à changer, a déclaré Fanny Lindsay-Fortin du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. “Notre position est d’avoir une banque dynamique [d’hectares exploitables], elle dit. Ce que nous voulons, c’est pouvoir toujours offrir des acres aux producteurs agricoles lorsqu’il y a une augmentation des demandes de permis d’exploitation. » Par conséquent, les 24 000 hectares seront disponibles à court terme pour les candidatures.
Une ressource convoitée
Selon Luc Goulet du PPAQ, la coexistence des industries devrait être au cœur des solutions, car environ la moitié de la production acéricole exploite des arbres sur le domaine public. Il met entre autres en lumière le rôle que peuvent jouer les acériculteurs en foresterie. Par exemple, il existe des méthodes de croissance qui permettent de conserver le potentiel du sirop d’érable lors de l’abattage de certains arbres. Les boutures sont conçues pour répondre aux besoins des érablières, tout en assurant la formation d’une érablière en régénération. Le bois coupé peut ensuite être transporté vers les industries forestières.
Discussions en cours
Le ministère souhaite également augmenter la norme actuelle qui définit quels érables peuvent être utilisés. Ainsi, un producteur de sirop d’érable ne pourrait pas récolter le jus d’un arbre d’un certain diamètre. La mesure sera instaurée dans le but de pratiques plus durables qui permettront aux arbres de mieux se régénérer d’année en année, prône Fanny Lindsay-Fortin. Cette nouvelle norme n’est pas bien acceptée par les producteurs, qui estiment à 1,8 million le nombre d’entailles risquant de perdre. “Pour nous, cela a quand même un impact important sur l’économie”, a déclaré Luc Goulet. Demain matin, les entreprises perdront 25% de leur chiffre d’affaires car 25% de leurs robinets ne répondent pas aux nouvelles normes. » Les PPAQ discutent avec le ministère afin de trouver des alternatives à la fois rentables et durables. Ils prétendent connaître les méthodes qui peuvent réduire les effets négatifs de frapper de petits arbres. “Mais comme on le voit dans les rapports, il y a beaucoup d’inconnues et peu d’études ont été faites sur les effets à long terme des méthodes de collecte des jus”, explique Luc Goulet. C’est pourquoi nous en discutons avec le ministère. » « On veut donner de l’espace aux acériculteurs, on veut le faire et on veut le faire en collaboration avec d’autres usagers du milieu », précise Fanny Lindsay-Fortin.