Le premier vol de la fusée SLS, la plus puissante du monde, est prévu mercredi depuis la Floride à 01h04. heure locale (0604 GMT), avec une fenêtre de lancement possible de deux heures. La météo au Kennedy Space Center était coopérative, avec des conditions favorables à 90%. Le remplissage de la fusée avec son carburant cryogénique – plus de 2,7 millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquide – a commencé mardi après-midi. Après plusieurs heures sans incident, une fuite d’hydrogène a été détectée à la base de la fusée. La NASA a annoncé qu’elle enverrait une équipe de techniciens sur la rampe de lancement pour serrer les boulons. Une opération techniquement simple, mais “jugée dangereuse” en raison du carburant hautement inflammable, a indiqué le commentateur sur la vidéo en direct de la NASA. Cinquante ans après la dernière mission Apollo, ce vol d’essai sans pilote, qui fera le tour de la Lune sans y atterrir, devrait confirmer que le véhicule est sans danger pour un futur équipage. Le programme Artemis consiste à envoyer la première femme et la première personne de couleur sur la Lune. Le but est d’y établir une présence humaine permanente pour préparer un voyage vers Mars. “Beaucoup de sueur et de larmes ont coulé dans cette fusée”, a déclaré le chef de la NASA, Bill Nelson, alors que le compte à rebours s’écoulait mardi. “Cela nous permettra de faire des allers-retours vers la Lune et au-delà pendant des décennies.” Malgré le lancement en soirée mercredi, environ 100 000 personnes sont attendues pour admirer le spectacle, notamment depuis les plages environnantes. “J’étais trop jeune pour les missions Apollo, alors je voulais venir voir le prochain lever de lune, en personne”, a déclaré à l’AFP Andrew Trombley, 49 ans, à Cocoa Beach. Plusieurs astronautes ont également fait le déplacement jusqu’au Centre spatial Kennedy, dont le Français Thomas Pesquet, qui a confié à l’AFP avoir eu un “bon pressentiment” quelques heures avant le lancement. “Quand cette fusée décollera, les gens vont être tellement excités et se rendre compte que c’est ça, nous y allons vraiment.” Cet été, la première tentative de décollage a été avortée au dernier moment à cause d’un capteur défaillant et la seconde à cause d’une fuite d’hydrogène non maîtrisable. Après ces problèmes techniques, deux ouragans – Ian puis Nicole – menacent successivement la fusée, retardant le décollage de plusieurs semaines. Globalement, le programme accuse des années de retard, et la réussite de cette mission, qui coûte plusieurs milliards de dollars, est devenue impérative pour la NASA. Immédiatement après le décollage, les équipages prendront le relais du centre de contrôle de Houston, au Texas. Au bout de deux minutes, les deux boosters blancs retomberont dans l’Atlantique. Au bout de huit minutes, la scène principale se décollera à son tour. Puis, vers 1h30 après le décollage, une ultime poussée depuis l’étage supérieur mettra la capsule Orion en route vers la Lune, qu’elle atteindra dans quelques jours. Là, il sera placé sur une orbite lointaine pendant environ une semaine et parcourra jusqu’à 64 000 km derrière la Lune, un record pour une capsule habitable. Enfin, Orion entamera son retour sur Terre, testant son bouclier thermique, le plus grand jamais construit. Il doit supporter une température deux fois moins élevée que celle de la surface du Soleil lors de son passage dans l’atmosphère. Si le décollage a lieu mercredi, la mission devrait durer 25 jours et demi, pour atterrir dans l’océan Pacifique le 11 décembre. Après la fusée Saturn V des missions Apollo et après les navettes spatiales, SLS devrait faire entrer la NASA dans une nouvelle ère d’exploration humaine – cette fois depuis l’espace lointain. En 2024, Artémis 2 devrait transporter des astronautes sur la Lune, sans y atterrir. Un honneur était réservé à l’équipage d’Artemis 3, 2025 au plus tôt. La NASA prévoit alors une mission par an pour construire une station spatiale en orbite autour de la Lune, appelée Gateway, et une base à son pôle sud. Le but est d’y tester de nouveaux équipements : combinaisons, véhicule pressurisé, mini centrale électrique, utilisation d’eau gelée sur le chantier… Tout cela pour y établir une présence humaine permanente. Cette expérience devait préparer un vol habité vers Mars, peut-être à la fin des années 2030. Ce voyage, d’une toute autre ampleur, prendrait au moins deux ans aller-retour.