Soyons clairs, la démission de Mme Anglade n’est pas causée par le chaos dans la gestion de la galette de crêpes qui l’oppose à Marie-Claude Nichols, alors qu’elle a surtout aidé à délier les langues de plusieurs militants, ex-députés et ex-associés. parlé publiquement et ouvertement du chaos qui sévissait depuis un certain temps. En effet, pendant des semaines, voire des mois, les signaux d’alarme adressés au Parti libéral du Québec ont été étouffés, ignorés et écartés. Pensée magique ou optimisme joyeux ? Voici un contexte historique qui a conduit au résultat que nous connaissons.
1) Complètement à gauche
Le leadership de Mme Anglade a violemment tourné la roue vers la gauche sur l’échiquier politique. Plusieurs personnes qui ne se retrouvaient pas dans le dialogue et dans la position fédérative-solidaire du leader, ont été purement et simplement expulsées du véhicule politique, ne s’y reconnaissant plus. Autant on veut « réformer » un parti politique, le « reconstruire », l’adapter à la réalité des nouveaux enjeux sociaux, autant cela ne se fait pas sans conflits. Les changements que la nouvelle direction voulait apporter s’apparentaient à un revirement immobilier : noyer ce qui est considéré comme une base solide dans des changements esthétiques qui se heurtent au quartier fait froncer les sourcils. Ce qui est encore plus curieux dans cette approche, c’est qu’il y a déjà un blocage politique à gauche de l’échiquier politique : comment le PLQ peut-il convaincre une partie de la population qu’il est plus vert que le Québec ? Le calcul politique qu’il fallait faire est celui-ci : si on décide de sacrifier une voix du centre-droit pour en récolter deux à gauche, c’est un investissement payant. Le problème est que le leader a sacrifié des votes de centre-droit sans avoir de vote à gauche.
2) Élection suppléante de Marie-Victorine
Photo Agence QMI, Thierry Laforce
La caquiste Shirley Dorismond a été élue députée de Marie-Victorin lors de l’élection partielle du 11 avril.
Premier test électoral pour le chef, l’élection partielle dans cette circonscription de la côte sud devait être une pratique générale, sans victoire attendue, à partir des élections générales qui approchaient à grands pas. Quel est le moral des troupes, la logistique électorale, la capacité à signaler les sympathisants libéraux et à assurer une participation acceptable ? Quels sont les messages les plus puissants et les plus accrocheurs ? Apparemment confronté au résultat désastreux du PLQ lors de cette élection partielle, alors que le gouvernement était pris dans la crise de la gestion des CHSLD, aucune leçon ne semble avoir été tirée. Les feux rouges de Marie-Victorin n’ont jamais été pris au sérieux, conduisant au même résultat le 3 octobre.
3) Absence d’identité
Photo d’archives Didier Debusschere
Qu’il s’agisse de la laïcité, de la langue française ou même du fédéralisme, le leadership libéral nous a semblé extrêmement difficile à adopter, à défendre et à assumer, alors que nous semblions mal à l’aise.
Entretenant une ambiguïté artistique qui sème la confusion parmi les troupes, on a l’impression que la volonté de plaire à tout le monde avec des demi-sièges démobilise aussi bien les militants que les électeurs sympathisants.
Philippe Couillard a remporté une élection majoritaire en 2014 après avoir pris de bonnes positions pas nécessairement populaires sur les questions identitaires. L’électeur moyen rejette plus rapidement l’ambiguïté qu’une position contraire à la sienne. Il ne semble pas non plus avoir été compris.
Chose certaine, le PLQ ne peut se passer d’un véritable bilan du cours des dernières années. Si elle veut rester le véhicule politique actuel et historique qu’elle a toujours été, elle devra définir ce qu’elle est avant de décider qui sera le nouveau leader et qui incarnera le mieux sa position, ses idées et ses valeurs.
Quiconque veut épouser PLQ doit comprendre qu’il ne s’agit pas d’une vieille cabane à laquelle il faudrait ajouter deux couches de peinture, mais d’un édifice patrimonial qui devrait être restauré dans le respect de son histoire, de ses victoires et de ses échecs, trois points qu’il faut assumer.