CANAL+ – MERCREDI 16 NOVEMBRE – 21H00 – CINÉMA Après deux films basés sur sa Corse natale, Les Apaches (2013) et Une vie violente (2017), Thierry de Peretti poursuit le chemin d’un imaginaire politique qui lui permet de toucher l’irreprésentabilité du pouvoir en caressant ses mythologies. le côté obscur que Balzac appelait « l’envers de l’histoire moderne ». L’enquête sur un scandale gouvernemental commence par une formule familière, selon laquelle la situation et les personnages sont fictifs et toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite. Précaution rhétorique qui, rappelant le droit à l’imagination, déclare en creux la matière très inflammable qu’elle manipule. L’histoire s’inspire du cas de François Thierry, ancien patron anti-stupéfiants soupçonné d’être impliqué dans un trafic, à travers le livre L’Infiltré (Robert Laffont, 2017), dont s’est inspiré le journaliste. témoin Hubert Avoine. En ce qui concerne les mythologies, Peretti vise avant tout celles d’un certain cinéma, à savoir le thriller paranoïaque. En octobre 2015, Jacques Billard (Vincent Lindon), chef de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants, prononce un discours devant ses pairs et éclaire sa politique : ne plus se focaliser sur le produit et le laisser passer à la frontière, de préférence sur les infrastructures de circulation. Mais dans le même temps, les douanes ont saisi 7 tonnes de résine dans deux camions garés sous les vitrines d’un baron du cannabis en plein Paris 8e, quartier huppé.

Circulation d’État

Billard est sur la sellette, sommé de s’expliquer devant le procureur (Valeria Bruni Tedeschi). C’est alors qu’Hubert Antoine (Roschdy Zem), un personnage ténébreux qui prétend avoir été un intrus sous les ordres de Billard, entame la conversation avec Stéphane Vilner (Pio Marmaï), journaliste à Libération, accusant lourdement son ancien patron, selon lui, au chef d’un trafic d’état. Le journal suit, mais les propos d’Antoine vont loin et des soupçons s’élèvent quant à sa prétendue mythomanie. Wilner n’est pas promené, même outillé ? Démarré sous les traits du thriller paranoïaque, le film permet au genre de se diluer dans autre chose, plus quotidien : un naturalisme riche, fait de déjeuners dominicaux, de soirées bien arrosées, de vacances au bord de l’eau, où ne comptent plus que les conversations à taille humaine. Une façon de substituer un horizon artificiel de performance à ce riche tissu de petites affaires humaines, où le « Business » avec un A majuscule disparaît. Il vous reste 12,55% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.