♦ Février : nomination du Cardinal Ricard pour mission d’inspection

Le 10 février 2022, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux, a été nommé archevêque pour mener une mission d’inspection des travaux des Foyers de Charité, à la suite de révélations remontant à 2020 d’exactions commises par son père co-fondateur. Georges Finet (décédé en 1990). Cette nomination s’inscrit dans le cadre de ses fonctions au sein de la Direction de la Doctrine de la Foi, chargée, entre autres, du suivi des cas de maltraitance d’enfants dans l’Église. Apprenant cette nouvelle dans la presse, une femme contacte Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des Religieux de France (Corref). “Indignée, elle me contacte et m’explique qu’elle ne peut décemment poursuivre cette accusation, puisqu’il l’a agressée lorsqu’elle avait 13 ans…”, a rappelé Véronique Margron, dans une interview publiée le 9 novembre sur le site La Croix. Dans le même temps, les parents de la victime écrivent à l’évêque de Digne, Mgr Jean-Philippe Nault, pour l’informer que le cardinal Ricard, qui réside dans le diocèse de Digne, s’est rendu coupable d’actes répréhensibles à l’encontre de leur fille. “Suite à cette lettre, M. Ricard aurait avoué à ce prêtre qu’il y a plus de quarante ans il avait ’embrassé’ la fille de ce couple dont il célébrerait plus tard le mariage religieux”, selon le parquet de Marseille.

♦ Mars : le cardinal démissionne de sa mission

Entre le 17 et le 19 février, Véronique Margron prévient Mgr Éric de Moulins-Beaufort. “Je l’ai appris par un coup de fil de sœur Véronique Margron alors que j’étais à Rome en février lors du colloque sur le sacerdoce”, a expliqué le président de la Conférence épiscopale de France, lors de la conférence de presse de clôture de l’Assemblée plénière des évêques, Mardi 8 novembre. Selon Véronique Margron, M gr de Moulins-Beaufort a immédiatement appelé la victime puis le cardinal Ricard. Monseigneur de Moulins-Beaufort et Véronique Margron n’ont pas été contactés à l’époque, à la demande de la victime. Le 10 mars, le cardinal Ricard a démissionné de son poste, officiellement en raison de “problèmes de santé”, selon le communiqué. Il est remplacé par M. Michel Dubost, évêque émérite d’Évry. La victime remercie Véronique Margron “que les choses soient allées si vite pour les Foyers de Charité”, selon le président de la Corref. “Alors nous en sommes restés là”, ajoute-t-il. Quelques mois plus tard, en mai ou juin, la victime écrivit au pape, en copie au nonce apostolique, selon Véronique Margron. En 2017, la victime avait adressé une première lettre au pape pour l’informer des événements. Le nonce affirme avoir reçu la deuxième lettre en octobre 2022. Fin août, le Cardinal Ricard est présent à Rome pour la création cardinalice de Mgr Jean-Marc Aveline, ainsi que le service suivant à Saint-Louis des Français et la réception de l’Ambassade de France en l’honneur du nouveau cardinal.

♦ Octobre : déclenchement de l’affaire Santier et renvoi devant la justice

Le 9 octobre, Mgr Nault, devenu évêque de Nice, invite le cardinal Ricard à présider la fête de Sainte-Réparate en la cathédrale de Nice. Le 14 octobre, l’hebdomadaire Famille chrétienne a publié un article sur Mgr Michel Santier, évêque de Crète, révélant qu’il avait fait l’objet de mesures disciplinaires romaines en 2021 pour des faits de “voyeurisme”, aggravés par son autorité spirituelle et l’instrumentalisation des sacrements. . Dix jours plus tard, le 24 octobre, Mgr Jean-Philippe Nault rapporte les agissements du cardinal Ricard au procureur – après avoir appris les événements de février. Selon le diocèse, ce délai de signalement était nécessaire pour contacter la victime et la convaincre de fournir suffisamment de preuves fiables pour l’établir. Une enquête préliminaire est ouverte dans la foulée par le parquet de Marseille pour “abus sexuels aggravés”. Aucune plainte n’a été déposée.

♦ Novembre : révélation des événements à la Plénière des Evêques à Lourdes

Toujours en octobre, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a contacté le cardinal Ricard après avoir pris connaissance des allégations portées contre lui. Il reconnaît les faits. Le 6 novembre, les évêques de France, réunis en plénière à Lourdes, sont informés de l’affaire par la lecture de la lettre du cardinal Ricard au demi-cercle par M gr de Moulins-Beaufort. La grande majorité connaît les événements de cette époque. Le lendemain, 7 novembre, le président de la Conférence épiscopale française donne lecture de la lettre du cardinal Ricard lors d’une conférence de presse extraordinaire tenue en marge de l’Assemblée plénière.