Vers l’entrée de l’église de Montfort-sur-Meu, le 13 novembre 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR “LE MONDE”
Le prêtre de 52 ans a été interpellé à Paris dans la nuit du 3 au 4 novembre. Un garçon de 15 ans venait d’appeler des amis à l’aide lorsqu’il s’est réveillé dans un hôtel, couvert de boue. Un homme qu’il a rencontré sur Grindr, une application de rencontres gay, l’aurait drogué et violé. Yannick Poligné a été rapidement interpellé à l’intérieur de l’hôtel parisien et placé en garde à vue. Le prêtre dit aux enquêteurs qu’il a l’habitude de se rencontrer sur Grindr. Sinon, “il a tout dit et le contraire”, selon une source au fait du dossier. Il aurait notamment avoué avoir eu une relation sexuelle mais, selon lui, il y a consenti et assuré qu’il pensait que l’adolescent était un adulte. Yannick Poligné se serait pris et aurait donné à la victime des médicaments, du 3-MMC, proche de la MDMA, et du GBL, un dérivé du GHB. Séropositif, il n’aurait utilisé aucune protection avec l’adolescente, d’où son accusation de “mise en danger de la vie d’autrui”.
“En colère”, “Choqué”, “Trahi”
Alors apparemment, devant l’église de Montfort-sur-Meu, Gwenaëlle Delacroix se pose des questions. L’agriculteur de 45 ans a trois enfants, qui ont reçu la communion ici. Quand il a “découvert”, il leur a dit immédiatement. Ici, c’est tout ce dont tout le monde parle, de toute façon. Même le collège a envoyé un e-mail aux parents d’élèves, tendant la main à ceux, adultes et enfants, qui en ont besoin. “Il est venu dans mon école”, explique le garçon de Gwenaëlle, étudiant dans un établissement catholique privé. Une dame grisonnante les salue en partant, les yeux cramoisis. Il n’y croit pas d’abord, répétant que « ça ne peut pas être le père Yannick ». C’était lui.
Lors du service tenu par Monseigneur d’Ornellas, archevêque de Rennes, à Montfort-sur-Meu, le 13 novembre 2022. LOUISE QUIGNON / HANS LUCAS POUR “LE MONDE”
Comme elle, de nombreux croyants se disent “en colère”, “choqués”, “trahis”. “C’était important d’en parler aujourd’hui”, confie Anne-Elisabeth (qui souhaite rester anonyme, comme les autres qui ne sont désignées que par leurs prénoms), 20 ans. Pour faire face au “drame”, l’archevêque de Rennes, Pierre d’Ornella, a fait lui-même le déplacement pour l’office dominical, dans la ville de 6.500 habitants. Avec un uniforme violet, « symbole de repentir, d’attente et de deuil », explique le directeur de la communication de la métropole.
Il vous reste 69,61% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.