Tout a commencé le 5 septembre lorsque le PDG Jean Alexandre Manchès a voulu traverser la quarantaine de lieux qu’il répertorie en France et en Allemagne, révèle Le Progrès. La société de transport et de logistique BMV, qu’elle dirige, a été fondée en 1902 à Lyon. Pour marquer le 120e anniversaire, l’homme décide de pêcher des idées. « Nous avons pris une camionnette pour visiter chaque emplacement. Nous avons eu deux sondages, un pour que chacun des 1 100 salariés se projette dans 120 ans et l’autre pour noter son rêve le plus fou », explique-t-il. Avec cette promesse d’en réaliser deux après un match nul. Une manière de pérenniser les “valeurs familiales” de l’entreprise et “d’en faire bon usage”, explique-t-il.
Le rêve du deuxième gagnant le moins “fou”
« Nous savons que chaque centime compte, mais nous n’avons fixé aucune limite. Nous voulions montrer que parfois des choses peuvent arriver qui nous paraissent impossibles », ajoute le PDG, souhaitant récompenser le travail et le dévouement de ses collaborateurs. “Le secteur du transport et de la logistique est essentiel pour le fonctionnement du pays. Pendant le confinement, nous avons continué à livrer des masques, des vaccins ou des produits médicaux. De l’extérieur, ce n’est pas un travail sexy, mais c’est nécessaire. Je veux sensibiliser les employés à l’importance de leur travail, dont ils peuvent être fiers », affirme-t-il. Certains rêvaient de faire le tour du monde à la voile, d’emmener leur famille dans les Caraïbes, de faire des croisières vers des mers lointaines, d’autres voulaient offrir l’équivalent d’un an de repas aux Restos du Cœur ou mettre fin à la guerre en Ukraine. Si le deuxième gagnant – un employé allemand – s’est vu offrir un voyage en famille en Turquie, Christel, 58 ans, avait un tout autre souhait. « Au début, j’avais pensé écrire un voyage au Canada, mais j’ai ensuite changé d’avis. Je me suis dit « Soyons fous ». Mon rêve ultime, celui qui me tenait le plus à cœur, était de posséder une propriété parce que la vie signifiait que je ne pourrais jamais me payer une maison », avoue-t-il. « Depuis l’épidémie de Covid-19, je ne rêvais que d’avoir un petit bout de jardin pour être en contact avec la nature au quotidien. Je ne peux pas vivre ailleurs qu’à l’extérieur. Mais je ne pensais vraiment pas me faire tirer”, poursuit cette habitante de Chalon-sur-Saône encore “sur un nuage” et débordante de reconnaissance envers son patron.
Nouvelle loterie dans 120 ans ?
« Le hasard a bien fait, répond en retour Jean-Alexandre Manches. Il y avait quelque chose de très émouvant dans ce rêve avec cette envie de pouvoir mettre sa famille en sécurité. “C’est une femme très digne qui travaille pour l’entreprise depuis près de vingt ans”, se réjouit Marie-Suzanne, 75 ans, qui représente aujourd’hui la mémoire de l’entreprise. Il a aidé son père Jean-Alexandre qu’il a rencontré à l’âge de 4 ans pendant vingt-huit ans. “C’est une famille généreuse qui a toujours aimé faire le bien autour d’elle. Jean-Alexandre prend très bien soin de ses employés. Il est très respecté, tout le monde l’aime », dit-elle. Une patronne “charismatique”, “avant-gardiste”, “très humaine et accessible”, ajoute Christel. “C’est fédérateur”, résume-t-il. Désormais, les travailleurs devront attendre encore 120 ans avant de voir leur patron réaliser leur rêve ? La question a le don de faire rire Jean-Alexandre Manchès. “Une chose est sûre, nous n’organiserons pas de loterie chaque année car cela finira par créer de la frustration chez les perdants”, répond-il. Mon rêve serait de pouvoir réaliser le rêve de chaque employé. Même si ce n’est pas possible, je continuerai à y mettre toute mon énergie. »