“J’ai senti qu’il se passait quelque chose.” Dimanche matin, plusieurs migrants ont tenté de rejoindre l’Angleterre sur un taxi-boat avec l’aide de passeurs depuis Calais. Olivier Folcke, pêcheur calaisien, a secouru trois d’entre eux après qu’ils ont été poussés à l’eau. Une opération qu’il raconte à BFMTV. Dans la matinée, le pêcheur assiste à une scène tristement connue à Calais. “Il y avait deux taxi-boat. Ce sont des bateaux qui restent en mer et qui sont appelés pour récupérer des groupes de trois ou quatre migrants, détaille-t-il. Ils se déplacent jusqu’à ce que le bateau soit complet puis ils partent en Angleterre.”
“Il y en avait une centaine sur la plage”
Mais cette fois, le pêcheur constate qu’un nombre important de migrants s’apprêtent à tenter la traversée. “Il y en avait une centaine sur la plage”, rapporte Olivier Folcke, pour deux small boat. “Le premier, vraiment surchargé, est parti. Le deuxième a suivi”, poursuit le pêcheur, alors pris d’un mauvais pressentiment. “Je n’étais pas très loin à ce moment-là, j’ai senti qu’il se passait quelque chose car ils étaient en train de crier, limite de se battre”, rapporte-t-il. Le second bateau s’approche du premier pour opérer un “transbordement, ils ont remis des gens dans le deuxième bateau”. Une seconde bagarre semble éclater, “des gens sont tombés à l’eau, mais ils se sont retenus aux boudins et ils ont réussi à remonter”. Quelques minutes passent. Le premier bateau prend le large. Olivier Folcke décide de garder à l’œil le second. “Et d’un seul coup, ils se sont arrêtés, il y a eu une engueulade et puis, ils ont pris trois migrants, et ils les ont jetés à l’eau sans gilet de sauvetage”, rapporte le pêcheur. D’après son récit, les passeurs ont également jeté une roue à laquelle s’est agrippé l’un des migrants. “Les deux autres se sont raccrochés à quelque chose et ils ont essayé de nager. Le problème, c’est qu’on était au moins à 400 mètres du bord, et impossible de revenir avec le courant descendant, précise cet habitué des marées. Ça déporte vers le large”.
“En train de se noyer”
Depuis son bateau, le pêcheur remarque que deux des migrants peinent à nager. “Ils étaient en hypothermie donc je suis arrivé assez vite sur eux.” “J’ai eu du mal à les remonter. J’ai réussi à les porter comme je pouvais dans le bateau. On a mis des serviettes.” Dans l’eau, le troisième naufragé appelle à l’aide. “Je suis parti le voir, il arrivait encore un petit peu à nager, mais il était en hypothermie complète.” Une fois les trois migrants en sécurité, Olivier Folcke file au port en cinq minutes. “Les pompiers nous attendaient, ils sont restés une vingtaine de minutes pour essayer de les réchauffer”, précise-t-il.
142 migrants secourus en 24 heures
Ces tentatives de traversée pour rejoindre les côtes anglaises font partie du quotidien des Calaisiens. “Mais ce n’est pas une scène quotidienne de sauver des gens comme ça”, note le pêcheur qui confirme que les conditions sont particulièrement clémentes actuellement pour tenter la traversée. C’est le bon moment, les vents sont bien placés, il n’y a pas beaucoup de courant”. Quant aux passeurs qui poussent les migrants par-dessus bord, “c’est la deuxième fois que je le vois”, conclut Olivier Folcke. Depuis vendredi soir, 142 migrants ont été secourus au large du Pas-de-Calais. Vendredi soir, un bateau a coulé et samedi deux embarcations se sont retrouvées en difficulté. Pas de victime. Selon la maire de Calais, Natacha Bouchart, ce sont 500 migrants qui ont été secourus ce week-end. Boris Kharlamoff avec Nicolas de Roucy et C.L.