La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté mardi la requête du groupe allemand Bayer, propriétaire de Monsanto, dans une affaire liée à l’herbicide Roundup, ouvrant la porte à une indemnisation de plusieurs milliards de dollars. En ne saisissant pas l’affaire, la Cour suprême a tranché en faveur du groupe, le condamnant à verser 25 millions de dollars à un retraité, Edwin Hardeman, qui attribue son cancer à l’herbicide à base de glyphosate. Comme à son habitude, la Cour suprême n’a pas motivé sa décision. Mais cette dernière risque d’avoir de lourdes conséquences pour le groupe, qui fait déjà face à plus de 31.000 plaintes en plus de celles pour lesquelles il a déjà trouvé un accord, un nombre qui pourrait grimper. L’entreprise allemande avait déjà alloué 6,5 milliards de dollars pour faire face à ces nouvelles procédures (2 milliards de dollars dans un premier temps puis 4,5 milliards de dollars supplémentaires après le rejet de l’accord précédent). Vous devrez peut-être payer plus selon la façon dont vous traitez les plaintes. La décision de la Cour suprême “ouvre une voie claire” pour les victimes du cancer devant les tribunaux, déclare l’avocat Matt Stubbs. Son entreprise représente des milliers de plaignants liés au Roundup et “un tas d’affaires” doivent être jugées “dans les mois à venir”, dit-il. Les actions de Bayer ont chuté de 2,05 % à la Bourse de Francfort. Un agriculteur français utilise l’herbicide Roundup dans ses champs à Saint Germain-sur-Sarthe le 16 septembre 2019 (AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER) “Bayer respecte respectueusement la décision de la Cour suprême”, mais “est tout à fait prêt à faire face au risque juridique associé à d’éventuelles futures plaintes aux États-Unis”, a déclaré le groupe dans un communiqué. L’entreprise déclare “vous n’admettez aucune erreur ni responsabilité” et “continue de soutenir les produits Roundup, un outil précieux pour une production agricole efficace dans le monde entier”.

– Prêt à traiter les plaintes “irrationnelles” – Edwin Hardeman, qui a reçu un diagnostic de lymphome non hodgkinien en 2015, a été l’un des premiers à poursuivre Monsanto en justice, accusant son cancer de l’herbicide qu’il a utilisé sur sa vaste fortune pendant 25 ans. Il a accusé le groupe Monsanto d’avoir induit les utilisateurs en erreur en affirmant que le produit à base de glyphosate était inoffensif et qu’il n’affichait pas d’avertissements sur ses étiquettes. Bayer avait été condamné en 2019 à lui verser 25 millions de dollars d’indemnités, une décision confirmée après un recours en 2021. Edwin Hardeman (à gauche) à San Francisco, Californie, le 27 mars 2019 (AFP / Josh Edelson) La société a alors fait appel devant la Cour suprême des États-Unis, soulignant que l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) considère que le glyphosate n’est pas un danger pour la santé et ne mérite donc pas un avertissement spécial contre le cancer. Une cour d’appel basée en Californie a ordonné la semaine dernière à l’EPA de reconsidérer cette conclusion. Le glyphosate, principal ingrédient actif du Roundup, a été classé comme “cancérigène potentiel” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais Monsanto a toujours insisté sur le fait qu’aucune étude n’a conclu que le glyphosate et le Roundup, qui ont été introduits sur le marché dans les années 1970, sont dangereux. Le groupe allemand Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018 pour 63 milliards de dollars, est depuis mêlé à de multiples procédés liés aux pesticides aux États-Unis. Le logo du groupe Bayer sur l’un de ses immeubles à Berlin, en Allemagne, le 20 mars 2019 (AFP / Odd ANDERSEN) En juin 2020, il a signé un accord de 10 milliards de dollars pour régler des poursuites. Les parties avaient convenu d’y ajouter 2 milliards de dollars pour régler de futures réclamations, mais cette partie de l’accord a été rejetée par un juge californien. Dans un effort pour mettre fin à toutes les procédures, l’équipe avait présenté à l’été 2021 un plan en cinq points qui stipule qu’en cas de défaite devant la Cour suprême dans l’affaire Hardeman, des discussions commenceraient sur les plaintes non incluses. dans l’accord de 2020. Mardi, Bayer a déclaré qu’il était “tout à fait prêt à défendre les affaires devant les tribunaux où les attentes des plaignants sont déraisonnables et dépassent la portée de ce plan”. Après plusieurs défaites devant les tribunaux américains, la société allemande a récemment rendu quatre décisions en sa faveur et rappelle que la Cour suprême doit statuer sur une autre affaire dont elle a fait appel : une décision de 87 millions de dollars à Alva et Alberta Pilliod, toutes deux atteintes d’un lymphome après des années d’utilisation. Rassemblement.