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“Les pratiques observées sont un cas grave de mauvaise gestion. Il s’agit d’une infraction au sens de la loi pour faciliter la divulgation d’infractions relatives aux organismes publics », a écrit le Protecteur du citoyen dans son rapport déposé jeudi.
Comme l’exige la loi sur les lanceurs d’alerte, le résumé ne comprenait pas de détails sur le ministère responsable ou la période couverte par l’enquête.
À tel point que les soupçons ont d’abord porté sur le gouvernement de la CAQ, avant que celui-ci précise que la plainte a été déposée en février 2018.
il ne s’excusera pas
À l’époque, le ministre libéral de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx, était au pouvoir.
Dossier photographique
Alors qu’il était ministre de l’Éducation au moment du dépôt de la plainte en février 2018, Sébastien Proulx dit qu’il ne s’excusera pas «d’appuyer les organismes les plus dignes de confiance dans le domaine de la protection de l’enfance au Québec».
M. Proulx n’a pas retourné nos appels jeudi, mais a fait cette déclaration dans un communiqué jeudi après-midi :
« Je ne m’excuserai jamais d’avoir soutenu les organismes de protection de l’enfance les plus dignes de confiance au Québec, comme Allô Prof et le Club des petits déjeuners, lorsque j’étais ministre de l’Éducation. Ces organisations centrales sont financées par un programme de soutien discrétionnaire aux partenaires précisément pour éviter les lourdeurs administratives et accélérer la réponse aux besoins. Je n’ai rien à me reprocher et si c’était à refaire je referais exactement la même chose. »
Il a ajouté : « Je n’ai jamais été invité. Je n’ai jamais rencontré. On ne m’a jamais demandé de donner ma version des événements. Aujourd’hui, nous diffusons sournoisement « les conclusions » d’un rapport que nous gardons confidentiel. Et quelle serait ma faute ? Secouez le pommier pour mieux soutenir les organismes qui nourrissent les enfants, qui aident les enfants ayant des troubles d’apprentissage, qui aident les enfants autochtones, qui aident les enfants ayant des besoins spéciaux! »
Des découvertes accablantes
Les conclusions du prévôt sont accablantes :
« Le pouvoir discrétionnaire d’accorder une subvention a été injustement exercé. Dans plusieurs cas, des organisations ont effectivement bénéficié d’un traitement préférentiel. » « Les autorités politiques ont empiété sur les rôles de l’appareil administratif pour influencer les décisions d’octroi d’aides financières. Certaines organisations ont ainsi été injustement favorisées. » « Les hautes autorités n’ont pas assuré une bonne gestion administrative des fonds publics alloués au programme. »
Programme mal ficelé Cependant, des sources CAQ au Québec soutiennent qu’il s’agit surtout d’une émission mal composée. Appelée Soutien aux partenaires en éducation, l’enveloppe de 60 millions de dollars a été «égalée[e] de tout paramètre, critère ou indicateur objectif pour établir l’admissibilité d’un organisme », souligne le Protecteur du citoyen. Par conséquent, les lacunes signalées par le « chien de garde » des citoyens n’ont été corrigées qu’au printemps dernier, après la réception des premières recommandations… quatre ans après le dépôt de la plainte. Le programme a servi à financer des organismes de bienfaisance tels que le Club des petits déjeuners du Canada (10 millions de dollars), la Fiducie pour l’éducation des adultes des Premières Nations (5,3 millions de dollars), Allô prof (2,5 millions de dollars) et La cantine pour tous (1,2 million de dollars). Tanguay porte plainte et est corrigé Toute cette affaire a donné lieu jeudi à une sortie que le nouveau chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay, préférerait sans doute oublier. Soupçonnant que la CAQ était visée par le rapport du Protecteur, le nouveau chef libéral s’en est pris à l’éthique du gouvernement Legault, son “talon d’Achille”, selon lui. Marc Tanguay a dénoncé des “événements extrêmement troublants” et exigé des réponses. « Qui a été arrosé financièrement ? Qui a bénéficié d’un traitement préférentiel ? a demandé. En fin de compte, le PLQ a publié un nouveau communiqué de presse après avoir appris que la plainte avait été déposée sous le gouvernement Couillard. « Je demande que le rapport du Protecteur du citoyen à ce sujet soit rendu public dans les plus brefs délais, tout en maintenant la protection de l’identité du plaignant », a déclaré M. Tanguay, d’un ton plus serein. Quelques constats du rapport du Protecteur du citoyen
“Il y avait des relations étroites entre l’entreprise et certaines organisations. Cela signifiait que les décisions étaient prises en amont par l’entreprise au détriment du traitement administratif de la demande. » « Certaines recommandations au ministre de ne pas accorder de subvention se sont transformées en recommandations positives. » « L’entreprise a demandé que les dossiers de certains organismes soient traités en urgence afin de leur octroyer rapidement des financements. » « Une aide financière a été fournie aux organisations qui n’avaient pas soumis de demande ou de projet officiel. »
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