Photo CL Que s’est-il passé dimanche matin ? Je revenais de mon footing, j’étais parti vers 8 heures vers le viaduc de l’Anguienne. Je finissais ma course et je marchais, j’allais faire mes étirements, comme d’habitude, avec mon casque sur les oreilles. Sur la place (Lucien-Petit) j’ai entendu des chiens qui hurlaient et qui se battaient avec d’autres chiens dans une voiture. Là, j’ai vu une voiture de police arriver et un policier sortir son arme et j’ai entendu ‘pam’. J’ai cru que c’était des pétards. J’ai senti un truc entrer dans ma main. Une brûlure, une grosse brûlure, je saignais de partout. C’est une douleur que je ne peux pas décrire. Et ensuite ? J’ai dit au policier ‘vous m’avez tiré dessus !’ Il m’a dit ‘non, j’ai tiré sur le chien’. Je lui ai montré ma main, je pensais qu’ils allaient me prendre en charge, mais rien. Ce sont les commerçants de la place qui m’ont donné de l’eau. Je pissais le sang… Il pensait peut-être que je simulais. Je me suis repassé le film plusieurs fois dans la nuit… Un pas de plus et j’étais mort. Il a quand même sorti son arme sur une place avec du monde pour tuer des chiens. C’est un truc de fou. Selon vous, la balle a ricoché ? Je n’en sais rien. Je n’ai pas cherché à savoir. Tout ce que je sais, c’est que personne ne m’a appelé pour savoir si j’allais bien, ne serait-ce que par gentillesse. Selon le parquet, le propriétaire des chiens dans la voiture a dit que sans l’intervention des policiers, il serait mort car les chiens le menaçaient. L’avez vous vu près de sa voiture lorsque le policier a tiré ? Pas du tout. Il n’y avait pas d’individu autour. Il n’y avait pas de personne en danger à ce moment-là (NDLR : rappelons que les chiens avaient mordu un homme à Chanzy quelques minutes auparavant). Je suis en colère, j’ai pris une balle pour rien. Je ne comprends pas, on ne sort pas son arme comme ça ! La balle a traversé votre main, quelles sont les séquelles ? Le chirurgien m’a dit que ce serait très long, j’ai une autre opération prévue dans un mois, j’ai sept mois d’arrêt. Il ne garantit pas que je récupérerai l’usage de ma main. Je suis imprimeur et là, je suis handicapé. Je souffre et même les médicaments ne font rien. Vous comptez porter plainte ? Oui. C’est moi la victime, je n’ai rien demandé, je voulais juste rentrer chez moi prendre mon petit-déjeuner. C’est honteux, je ne veux pas que ça en reste là. La rédaction vous conseille

La PJ saisie

Ce lundi après-midi, Mickaël Babin a porté plainte au commissariat. Il a été entendu par les policiers de la PJ de Limoges, saisis par le parquet. Le policier en cause a été entendu en audition libre dimanche “pour que l’on fige la situation. Tout va être analysé”, indique le parquet, qui rappelle que le propriétaire de la voiture sur le parking a dit s’être senti “en danger de mort à cause des chiens” et qu’il a dit qu’il était “susceptible d’être attaqué”. Y a t-il eu un usage légitime ou non de l’arme ? “Tout ça fait l’objet d’investigations, c’est encore trop tôt pour se prononcer.” Dans la journée, Mickaël Babin a reçu la visite de François Nebout, maire de Soyaux et de son adjoint Jérôme Grimal. « Cela ressemble à une bavure”, déplore François Nebout. “Et celle-là est importante. Cela s’est produit sur un marché un dimanche avec des enfants, des commerçants et des gens qui ne demandaient rien. À 10 cm près, c’était dans le thorax… »