Une attaque a visé dimanche le cœur d’Istanbul, principale ville et capitale financière de la Turquie, tuant au moins six personnes et en blessant des dizaines dans la rue commerçante animée d’Istiklal. La puissante explosion s’est produite vers 16h20. (13h20 GMT), alors que la foule était particulièrement dense dans ce quartier de promenade prisé des habitants et des touristes d’Istanbul. Dans une déclaration à la presse et en direct à la télévision, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une « vilaine attaque » qui a fait « six morts et 53 blessés ». “Les premières constatations indiquent un attentat terroriste”, a déclaré le chef de l’Etat, ajoutant qu’”une femme sera impliquée”, sans plus de précision. Des rumeurs ont circulé immédiatement après l’explosion évoquant un attentat suicide, sans aucune confirmation ni preuve. Lire aussi Attentat de Nice : les manœuvres alambiquées de l’ami du terroriste L’attaque n’avait pas revendiqué la responsabilité en début de soirée. “Les auteurs de cette attaque odieuse seront démasqués. Que notre peuple soit sûr (qu’il) sera puni », a promis Recep Tayyip Erdogan qui avait déjà fait face à une campagne nationale de terreur en 2015-2016. Revendiquée en partie par le groupe Etat islamique, elle avait fait près de 500 morts et plus de 2.000 blessés. L’estimation initiale du gouverneur d’Istanbul, Ali Gerlikaya, avait fait état de quatre morts et 38 blessés.
“Assourdissant”
La police a immédiatement mis en place un large cordon de sécurité pour interdire l’accès à la zone meurtrie par crainte d’une seconde explosion. Un déploiement imposant des forces de sécurité a également bloqué tous les accès au quartier et aux rues adjacentes, a constaté le vidéaste de l’AFP. “J’étais à 50-55 mètres, tout à coup il y a eu un bruit d’explosion. J’ai vu trois ou quatre personnes par terre”, a déclaré à l’AFP un témoin, Cemal Denizci, 57 ans. “Les gens couraient en panique. Le bruit était énorme. Il y avait de la fumée noire. Le son était si fort, c’était presque assourdissant”, a-t-il déclaré. Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux au moment de l’explosion, celle-ci, accompagnée de flammes, a été entendue de loin et a immédiatement semé la panique. Un grand cratère noir est visible sur ces images, ainsi que plusieurs corps tombés gisant à proximité. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, s’y est précipité : « J’ai été informé par les pompiers d’Istiklal. Ils poursuivent leur travail en coordination avec la police”, a-t-il déclaré sur Twitter, exprimant ses condoléances aux victimes et à leurs proches. Dans le quartier voisin de Galata, de nombreuses boutiques ont baissé tôt leurs rideaux. Certains passants, venus en courant du lieu de l’explosion, avaient les larmes aux yeux, a constaté un journaliste de l’AFP.
La diffusion d’images est interdite
Le soir, les terrasses des restaurants de ce quartier très touristique restaient en partie vides. Le Conseil suprême de l’audiovisuel turc (RTUK) a rapidement interdit aux médias audiovisuels de diffuser des images de la scène, une décision justifiée par le directeur de la communication présidentielle et proche conseiller du président Erdogan, Farhettin Altun, pour “empêcher de semer la peur, la panique et l’agitation” en Turquie. société et (risque de) servir les objectifs d’organisations terroristes ». “Toutes les institutions et agences de notre État mènent une enquête rapide, approfondie et efficace sur l’incident”, a-t-il déclaré dans un communiqué. L’émotion est intense à Istanbul, déjà durement touchée par le passé. Les matchs des principaux clubs de football d’Istanbul, dont Galatasaray, ont été annulés. La rue Istiklal, qui signifie “Indépendance”, dans le quartier historique de Beyoglu, est l’une des artères les plus célèbres d’Istanbul, entièrement piétonne sur 1,4 km. Traversée par un ancien tramway, bordée de boutiques et de restaurants, elle est empruntée par près de 3 millions de personnes par jour. Pendant la fin de semaine. Elle avait déjà été touchée en mars 2016 par un attentat suicide qui avait fait cinq morts. En Grèce, avec laquelle Ankara entretient des relations tendues, le ministère des Affaires étrangères “a condamné sans équivoque le terrorisme et exprime ses sincères condoléances au gouvernement et au peuple turcs”. VOIR AUSSI – Explosion à Istanbul : “Ça sent le terrorisme”, selon Erdogan