Attaquant sa suite, l’enjeu est donc de se mettre en danger, surtout maintenant que la dignité du jumeau va de pair avec un budget plus confortable. A ce stade, Lost Ball 2 tient son pari et ne se repose pas sur ses lauriers, d’autant qu’il s’amuse à reprendre la structure du premier volet et ses grands pivots pour les transformer. Maintenant qu’il a pu prouver son innocence après la mort de Charras, Lino (Alban Lenoir, attachant et brutal) devient lui-même flic, visant à retrouver les escrocs qui lui ont tout pris et à les ramener à la police. Justice.

Bien sûr, Lost Ball 2 ne prétend pas avoir révolutionné le thriller granuleux (et certains dialogues écrasés n’aident pas…), mais la générosité de son approche évite définitivement le sort gratuit auquel on pourrait s’attendre des scènes d’archives. On sent que Guillaume Pierret maîtrise encore mieux son médium, notamment dans sa façon de jongler avec ses référents et de puiser dans l’héritage d’Europacorp, tout en épurant son film des oripeaux des producteurs Besson. Dès la première scène d’action, où une maison est renversée lors d’un mano-a-mano sec et rugueux, Alban Lenoir met l’accent sur son implication physique, faisant de Lino ce cavalier solitaire poussé par un besoin malsain de justice. La violence enfouie dans le personnage se retrouve alors à exploser comme une cocotte-minute dans les aventures, débutant lors d’une bagarre dans un commissariat qui surpasse celle du premier film et fait grincer des dents lorsque des têtes s’écrasent sur les portières des voitures. Il tire vraiment tattan

L’étiquette rouge a chanté

Mais mieux encore, Guillaume Pierret sait exploiter au mieux ce fil conducteur à travers l’identité hexagonale du long métrage. Jusque-là, peu de films d’action avaient réussi à saisir la spécificité du sud de la France, Ronin de John Frankenheimer étant une exception notable. Avec Lost Ball 2, ses créateurs donnent un sac à cette charmante Occitanie, soit en faisant foncer les voitures dans les rues remplies d’Agdeois, soit en jouant avec les routes droites et plates entourées de simples plaines et d’arbres. Le cadre très horizontal porte parfois des traces d’un country western, du moins jusqu’à ce que Lino subvertisse ce postulat en faisant voler les cabines dans les airs. Dans Lost Ball 2, le mouvement remplit l’espace du cadre, mais il n’oublie jamais de garder cette direction, ce besoin constant d’avancer, car son héros ne cherche qu’une chose : remettre de l’ordre dans ce monde qui s’emballe et revenir sur le droit chemin. A partir de là, le film utilise ses enjeux et ses effets pyrotechniques comme des métonymies explosives pour des personnages blessés dans leurs sentiments. Preuve en est ce morceau de bravoure dans les égouts, où l’amour contrarié entre Julia (Steffy Selma) et Lino s’exprime dans cette poursuite où les gyrophares de la police fendent l’obscurité. Alban Lenoir, toujours au top Pour cela, Guillaume Pierret est bien conscient que la lisibilité de ses scènes d’action est primordiale. Lost Bullet 2 fait également partie de la suite du film John Wick, où le déploiement de véritables cascades sert à ajouter une immersion supplémentaire au montage. Même si le réalisateur crée parfois un délire qu’un bonjour Michael Bay ne démentirait pas, sa coupe est toujours au service de ses personnages et de leur place dans l’espace. C’est souvent dans le même plan que l’on voit un accident effleurer une autre voiture ou un obstacle se dresser sur le chemin d’Alban Lenoir. Ce frisson, cette adrénaline reste la priorité finalement très humble de l’équipe derrière le long métrage, dont la passion est aussi palpable que le savoir-faire évident, toujours au service du plaisir du spectateur. Et à l’heure où de nombreux analphabètes de la caméra abordent le genre avec paresse et cynisme, on ne peut qu’applaudir l’envie de cinéma qui se dégage de Lost Ball 2. Lost Bullet 2 est disponible sur Netflix à partir du 10 novembre 2022.