Publié à 17h18
Louis-Samuel Perron La Presse
« La Commission considère que le risque de récidive que vous présentez est actuellement inacceptable et que le voyage doit se poursuivre sous la sécurité de l’incarcération », a conclu la Commission des libérations conditionnelles du Québec dans un rapport rendu public mardi après-midi. Condamné à deux ans de prison, moins un jour, en juillet dernier, André Boisclair était déjà admissible à une libération conditionnelle après avoir purgé le sixième de sa peine. Cependant, son refus de participer à un traitement spécialisé dans les agressions sexuelles pendant sa garde à vue a pesé sur sa demande de libération. Pour expliquer ce refus, l’avocat d’André Boisclair a soutenu lors de l’audience que sa participation aurait fait « exploser » le groupe en raison du « niveau spirituel » et de la manière « sophistiquée » de s’exprimer. André Boisclair affirme qu’il a plutôt tenté d’obtenir un traitement «sur mesure», car il craignait des fuites médiatiques sur le traitement de groupe. Il révèle également qu’il a été battu alors qu’il était prisonnier. La Commission rappelle cependant que les crimes commis par André Boisclair étaient “violents et hautement abusifs”. En janvier 2014, l’homme politique déchu a ordonné à deux autres personnes d’attraper un jeune homme et de l’empaler. Lors de l’attaque, André Boisclair a tenu la victime par la poitrine. Les détails du crime sont tragiques. Puis, en 2015, André Boisclair a agressé sexuellement un jeune homme rencontré sur un site de rencontre. A plusieurs reprises, sa victime l’a exhorté à cesser ses agissements. L’attaquant a finalement obéi jusqu’au troisième “Stance”. « J’ai été marqué à vie. […] Ce n’est pas normal. Je ne méritais pas ça. Personne ne mérite cela », a déclaré la victime au tribunal. S’il avoue avoir ordonné à d’autres de sodomiser la victime, l’ancien homme politique soutient qu’il n’est pas sexuellement déviant. Il met ainsi en cause son addiction à la drogue et à l’alcool, qui ont “aveuglé” sa conscience. « Vous dites que si vous frappiez la victime avec une ceinture, ce n’était pas pour laisser des traces sur la victime. Selon vous, c’était un jeu de rôle », lit-on dans la décision. Lors de sa détention, André Boisclair a fait preuve « d’une attitude arrogante » envers les responsables de la prison, selon son dossier pénitentiaire. Deux notes d’octobre 2022 précisent même qu’”elle était sur le point de délivrer un rapport disciplinaire”, indique la Commission. Une affirmation démentie par le délinquant, qui accuse certains agents pénitentiaires d’être “inappropriés” à son égard. Son évaluateur ajoute qu’André Boisclair a des « traits impulsifs », en plus d’avoir tendance à « se concentrer [lui]-le même”. “Parfois, il peut être difficile de communiquer avec vous à cause de vos manières défensives et aussi par rapport à certains éléments narcissiques”, indique le rapport. Aussi, André Boisclair a réagi « négativement » lors de la présentation de son plan d’intervention correctif. L’ex-politicien s’est montré “très critique” sur le niveau de risque évalué comme “moyen”, alors que son sexologue (dont le nom apparaît dans la décision) évalue son risque de récidive comme “faible”. “L’agent d’évaluation rapporte qu’il a eu l’impression que vous avez essayé de le faire se sentir mal à propos des conclusions de son évaluation”, indique le rapport. André Boisclair convient qu’il a encore du “travail” avec son sexologue et reconnaît l’insuffisance de ses actions. Il reconnaît que les conséquences de ses crimes sont “très graves” pour les victimes. “Malgré les recommandations favorables qu’elle prend en compte dans sa décision et une réflexion bien entamée selon vos propos à l’audience, la Commission considère que le travail personnel à accomplir reste important pour accepter le risque dans la communauté », conclut-il. Le comité.