Publié à 16:04 Mis à jour à 16h47.
Philippe Teisceira-Lessard La Presse
C’est du moins ce que prévoit la Communauté du Montréal métropolitain (CMM) dans une proposition qui fera l’objet de consultations au cours des prochains mois. La CMM regroupe les 82 villes du Grand Montréal. Le document appelle également à interdire la collecte hebdomadaire des ordures jusqu’en 2027 dans toute la région pour encourager ses 4 millions d’habitants à recycler et composter davantage. Il y aura une limite de 26 trajets par an pour le camion à ordures. Les décharges actuellement utilisées par la région se remplissent à une vitesse vertigineuse.Seule solution, selon la CMM : une réduction significative (-10%) de la quantité de déchets produits par chaque habitant de l’aire métropolitaine. Au total, le Grand Montréal jette chaque année 5 millions de tonnes de matières. « Les sites d’enfouissement atteindront leur capacité maximale d’ici dix ans », a déclaré la mairesse Valérie Plante, qui préside la CMM, dans un communiqué. Nous devons prendre des mesures fortes et ambitieuses pour favoriser la réduction à la source et la réutilisation, et ainsi atteindre le zéro décharge. » La moitié des déchets du Grand Montréal sont enfouis au Complexe Enviro Connexion à Terrebonne, qui devrait être plein en 2029. Les autres décharges sont toutes à l’extérieur de la région, notamment à Sainte-Sophie-des-Laurentides et à Saint-Thomas de Joliette. La proposition de la CMM fera l’objet d’une consultation publique en 2023. Si elle est approuvée, fin 2023 ou début 2024, chaque municipalité devra adopter un règlement pour transférer ces règles sur son territoire.
“Nous avons un gros défi”
Émilie Charbonneau, responsable du groupe environnement de la CMM, a participé à la rédaction de ce projet de Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles. En entrevue téléphonique, il a souligné que seulement la moitié des déchets du Grand Montréal sont enfouis dans le secteur. En plus des mesures visant à réduire la quantité de déchets générés à la source, les maires de la CMM devraient également commencer à considérer la possibilité d’ouvrir un nouveau site d’enfouissement, si possible à l’intérieur des limites du Grand Montréal. « Nous sommes conscients que nous avons un gros défi en termes de résidus finaux. D’une part, nous voulons les réduire. En revanche, il nous faudra une solution”, a-t-il déclaré. Le document, qui fera l’objet de consultations au cours des prochains mois, démontre également que la CMM échoue ou est en voie d’échouer à plusieurs des cibles de son dernier Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles. En 2020, 50 % des matières recyclables ont été recyclées (objectif 70 % en 2018), chutant à 29 % pour les déchets de construction (objectif 70 % en 2020). Les résidents du Grand Montréal produisent également beaucoup plus de tonnes de déchets qu’ils ne le souhaitent (758 kg/personne, contre un objectif de 600 kg/personne en 2020).
“Beaucoup d’efforts à faire”
Karel Ménard, du Front commun québécois pour la gestion écologique des déchets, n’est pas déçu de ces résultats. “Il reste encore beaucoup de travail à faire”, a-t-il admis lors d’un entretien téléphonique. Ce qui me plaît, c’est que pour la ville de Montréal et pour CMM, la solution n’est plus seulement le recyclage, mais surtout la réduction à la source. » L’écologiste salue l’idée d’étendre à l’ensemble du Grand Montréal les mesures déjà en place dans la métropole concernant le Publisac et les sacs de plastique. “C’est une excellente décision”, a-t-il déclaré. Étant donné que les propositions viennent des villes elles-mêmes, elles ont de bonnes chances d’être adoptées, a-t-il déclaré. Mais la meilleure nouvelle du plan CMM, a confirmé Karel Ménard, est la volonté d’envisager la création d’une (ou plusieurs) décharges à l’intérieur des frontières de son propre territoire. Si la ville de Montréal gérait elle-même ses déchets, les coûts d’enfouissement beaucoup plus élevés obligeraient les villes et les entreprises à penser à de vraies solutions pour détourner en masse les déchets de l’enfouissement. “Nous y sommes parvenus. Nous ne pouvons plus faire comme nous le faisions il y a 10, 20, 30, 40 ans », a-t-il déclaré.