Limitation à 110 km/h sur autoroute : les critiques contre la mesure proposée par la convention climat sont-elles justifiées ? Evoquée en 2007 lors du Grenelle de l’environnement, proposée en 2020 par la Convention citoyenne pour le climat (CCC), appuyée là encore par des chiffres fin octobre dans une tribune publiée dans Le JDD, cette mesure semble avoir récemment trouvé une nouvelle résonance avec les Français. Mais pourquoi le gouvernement refuse-t-il toujours de franchir le pas ? Quelques jours avant la prise de parole du Premier ministre, un ministre mettait déjà le holà au 110 km/h en privé, “une matière combustible” à laquelle “le gouvernement ne peut pas toucher”, a-t-il expliqué à franceinfo. Ecartant la possibilité d’abaisser la limite de vitesse, Elisabeth Borne a eu une pensée lundi pour “les personnes qui doivent se déplacer sur l’autoroute et qui ont des contraintes horaires”, même si on estime que ce ralentissement se répercute de 7 à 8 minutes par heure, pour une importante économie de carburant. “Il est important de faire prendre conscience des économies que nous pouvons réaliser en conduisant plus lentement et de l’impact que cela peut avoir sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais on ne peut pas fonctionner avec des interdictions”, a plaidé Elisabeth Borne. Une démarche pédagogique visant à ne pas froisser les Français, alors qu’il a déjà été demandé aux fonctionnaires de rouler à 110km/h lorsqu’ils utilisent des véhicules de service ou d’entreprise, dans le cadre du dispositif de sobriété énergétique. Il faut dire que, de l’aveu des membres du CCC eux-mêmes, qui avaient plaidé en 2020 – en vain – pour qu’une telle réduction de vitesse soit inscrite dans la Loi Climat, cette décision n’a été acceptée par tous les participants qu’au prix de un effort pédagogique de la part des experts convoqués devant les 150 citoyens. A l’époque, Elisabeth Borne, alors ministre de la Transition verte, s’y était déclarée favorable “à titre personnel”. L’Adime, qui interroge chaque année les Français sur la mesure – mettant l’accent sur ses effets bénéfiques sur les émissions de gaz à effet de serre plutôt que sur les économies à la pompe – révélait en 2021 que 42 % des Français y étaient favorables. Mais plus récemment, une étude Ifop publiée en juillet indiquait que 63% des personnes interrogées seraient d’accord pour rouler à 110km/h sur l’autoroute “pour économiser du carburant”. Dans un contexte d’inflation qui met particulièrement en difficulté les automobilistes, le gouvernement craint un nouveau tollé, marqué par l’amère expérience de juillet 2018, lorsque la vitesse a été augmentée de 90 à 80 km/h sur toutes les routes secondaires. Face au ressentiment, la règle a dû être assouplie en 2020. Depuis, près de la moitié des départements ont retrouvé des panneaux « 90 » sur tout ou partie de leur réseau. Invité de l’émission Questions politiques sur France Inter le 11 septembre, le représentant du ministre des Transports avait déjà écarté la limite des 110 km/h, soulignant, pour ce type de texte, “la nécessité d’embarquer tout le monde”. “C’est ce qu’on appelle, dans notre terminologie, ‘l’acceptation substantielle’ quand on prend ce genre de mesure”, a expliqué Clément Beaune.