Car selon une étude de Depp publiée en juin dernier, à la rentrée 2021, 56% des filles (contre 75% des garçons) ont choisi les mathématiques en éducation spécialisée en 1ère année. Et seulement 26 % étaient en terminale pour maintenir cette spécialité (vs 52 % des garçons), dont 7 % avec une formation optionnelle « spécifique aux mathématiques » (21 % pour les garçons). Cela a un impact sur leur orientation vers l’enseignement supérieur. On note que 19% d’entre eux ont choisi de poursuivre leurs études de mathématiques par le cours optionnel “mathématiques approfondies”, mais celui-ci ne débouche pas sur la même formation que la majeure mathématiques.

Agir tôt

Afin de favoriser l’égalité entre les filles et les garçons, le ministre s’est fixé des objectifs : lutter contre les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge à la maternelle et promouvoir des modèles féminins. Au collège, il encouragera la création d’un club de maths dès la rentrée 2023, pour cultiver le goût des maths, et créera des petits groupes dans les classes de maths de 6ème. Des initiatives qui décrochent Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU est confuse : « Si des élèves rejoignent un club de maths sur la base du volontariat, il n’y a aucune garantie que la majorité des filles y adhèrent. Concernant les petits groupes, seront-ils mis en place dans tous les collèges et se dérouleront tout au long de la 6ème ? “, elle demande. Au lycée, Pap Ndiaye veut créer une unité de réconciliation maths en classe de 2e à la rentrée 2023. Mais pour Sophie Vénétitay, rien ne garantit qu’il permettra aux filles qui décrochent en maths à la rentrée du secondaire l’école pour continuer : « Le programme de mathématiques de 2e année vise à préparer à la majeure scientifique. Du coup, au second semestre, nous avons déjà perdu la moitié des étudiants. Il faut donc revoir le programme si on veut que plus d’élèves, et surtout de filles, se sentent plus à l’aise dans la discipline », estime-t-il. Jérôme Fournier, secrétaire de l’Éducation nationale à la SE-Unsa, est également sceptique : « Ces modules seront-ils obligatoires ou facultatifs ? Les écoles secondaires auront-elles la main-d’œuvre pour les mettre en œuvre? “, il demande.

L’ambition d’atteindre la parité dans les spécialités

En ce qui concerne les classes de 1ère année, le ministre rétablira l’enseignement obligatoire des mathématiques à la rentrée 2023 pour les élèves du secondaire général non diplômés en mathématiques. Ils auront ainsi une heure et demie de cours en plus par semaine dédiée à cette branche. Même si tous les syndicats souhaitaient ce retour aux mathématiques pour tous, cette mesure pourrait avoir des conséquences désagréables pour les filles, selon Sophie Vénétitay : « Le risque est que la majorité des garçons continue à choisir la majeure mathématiques et que les filles choisissent cette classe au 1 :30. . Une crainte partagée par Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des professeurs de mathématiques (APMEP) : “Ils penseront sans doute que cet enseignement sera suffisant pour poursuivre des études nécessitant des mathématiques, comme la finance ou l’école de commerce, quand cela n’est pas le cas. “On va avoir des mathématiques à deux niveaux, l’un bas et l’autre haut”, résume Jérôme Fournier. Cependant, l’ambition du ministre est d’atteindre la parité entre filles et garçons dans les spécialités mathématiques, physique-chimie et mathématiques spéciales d’ici 2027 et de rechercher la parité pour les autres matières (sciences de l’ingénieur et sciences du numérique et informatique). Pour que cela ne reste pas un vœu pieux, elle fixera des objectifs quantifiés, qui ne seront toutefois pas des quotas. « Nous allons très fortement mobiliser les chefs d’établissements, les enseignants et sensibiliser les familles, pour chercher une à une les filles qui ont de l’appétence dans ce domaine. “, déclare-t-il aux Echos. « En 2e, les élèves ont 54 heures par an pour travailler leur orientation, mais nous n’avons pas les moyens de vraiment les accompagner. Pourtant, c’est impératif si on veut éviter les phénomènes d’autocensure”, explique Jérôme Fournier.

“Un slogan ne suffit pas”

Pour Sophie Vénétitay, « un slogan ne suffit pas. Pour vraiment influencer les choix de carrière des filles, il faut recruter davantage de Psychologues de l’Education Nationale (ou psy-EN) chargés de les aider à définir leur projet d’études. Car aujourd’hui, ils travaillent souvent dans plusieurs établissements et ont peu de postes disponibles pour accueillir les étudiants. » Jérôme Fournier estime également qu’il est impératif de travailler sur les représentations : « En dehors de Marie Curie, aucun scientifique célèbre n’est mentionné. Il est nécessaire d’illustrer davantage les enseignements avec le travail des femmes scientifiques, d’organiser des rencontres avec des professionnelles reconnues dans leur domaine.”