Posté à 7h00
                        Maxime Bergeron Groupe de recherche, La Presse                     

Il a reçu son premier paiement de Québec à la date prévue, soit septembre 2022. Il attend toujours son chèque d’Ottawa, après de nombreuses conversations téléphoniques, courriels et autres tentatives de communication infructueuses. “On le voit avec l’immigration, avec les passeports, on le voit avec tout : on ne sait pas vraiment ce qui se passe au niveau fédéral, mais on sait que ce n’est pas bien”, a dit calmement le jeune retraité Energir. La Presse a reçu de nombreux messages de nouveaux retraités se plaignant d’une situation similaire après avoir publié la semaine dernière un article sur la perte de contrôle du gouvernement fédéral sur les dossiers. Entre autres, nous avons révélé qu’Ottawa n’avait aucune idée du nombre de ses employés qui travaillaient à domicile. Une autre lectrice déplore qu’elle n’ait reçu aucun accusé de réception du gouvernement fédéral, plus de trois mois après avoir demandé sa pension de retraite. « Sommes-nous devenus un pays en développement ? dit-il sarcastiquement.

58 % de travailleurs en plus

Une chose est claire : les retards que déplorent de nombreux seniors ne sont certainement pas liés à un manque de fonctionnaires. Le nombre de travailleurs de la Sécurité de la vieillesse est passé de 1 142 en 2015-2016 à 1 802 en 2021-2022, selon les données fournies par Emploi et Développement social Canada (EDSC), le ministère responsable du dossier. Au cours de la même période, le nombre annuel de nouvelles demandes de pension est passé de 887 155 à 737 737. Il y a donc 58 % de travailleurs de plus qu’il y a six ans… traitant moins de demandes de nouvelles pensions. EDSC n’a pas été en mesure de fournir le délai de traitement moyen des nouvelles demandes. Cette prestation est disponible à partir du premier mois après le 65e anniversaire et les demandeurs potentiels peuvent en faire la demande jusqu’à 12 mois à l’avance. De nombreuses personnes âgées se tournent vers ces paiements pouvant atteindre 600 $ par mois pour équilibrer leur budget. “Les candidatures sont en cours de traitement pour garantir qu’autant de nouveaux candidats que possible reçoivent leur paiement dans le premier mois d’éligibilité”, a déclaré un porte-parole d’EDSC par e-mail. Par conséquent, la norme de service est que les prestations de base sont versées au cours du premier mois d’admissibilité dans au moins 90 % des cas. » EDSC a atteint cet objectif de 89,5 % l’an dernier. Cela signifie que près de 70 000 Canadiens ont connu des retards dans le paiement de leur premier chèque. PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE En juin dernier, de nombreuses personnes faisaient la queue devant l’édifice fédéral Guy-Favreau à Montréal pour obtenir leur passeport.

L’image du gouvernement fédéral a été ternie

Confusion des passeports, retards des pensions, problèmes avec le CERB, explosion des délais de traitement des demandes d’accès à l’information : l’accumulation des ratés pourrait nuire à l’image du gouvernement fédéral, selon Étienne Charbonneau, professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique ( A P). Lorsque de tels programmes de base échouent, avec des problèmes simples comme l’envoi de chèques aux retraités, comment allez-vous créer des programmes complexes comme l’assurance dentaire ? Étienne Charbonneau, professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique “Cela ne donne pas forcément confiance aux gens”, poursuit-il. EDSC s’en tient à ses habitudes. Le ministère affirme que les nouvelles demandes de pensions de la Sécurité de la vieillesse sont “priorisées afin que le plus grand nombre de personnes possible reçoivent leurs prestations dans le premier mois suivant leur admissibilité”. Le Réseau FADOQ, le plus grand organisme d’aînés au Canada, surveillera la situation. « S’il s’avère que des services ne sont pas rendus aux citoyens et que certains sont gravement lésés, par exemple dans le cas d’un retard dans le traitement des demandes de la Sécurité de la vieillesse alors que tout a été fait à temps par le citoyen, il y a une certaine inquiétude . là-bas », a affirmé son porte-parole Christian Labarre-Dufresne.