Posté à 19h30
                        Sylvain Sarrazin La Presse                     

Avant d’aborder la gestion psychologique des Fêtes à venir, les professionnels que nous avons consultés ont tous plaidé, en préambule, dans le même sens : il faudra se rapprocher en priorité des virologues et épidémiologistes spécialisés, ainsi que de la Santé publique instructions données le moment venu, pour avoir une image précise de la situation. Entre-temps, nous avons reçu la température actuelle du Dr. Cécile Tremblay, microbiologiste en maladies infectieuses à l’Hôpital universitaire de Montréal, qui souligne que la COVID-19 n’est peut-être pas la seule à vouloir s’inviter à la fête. PHOTO DE STÉPHANE LORD, FOURNIE PAR LE CHUM Dr. Cécile Tremblay, professeure titulaire au Département de microbiologie, immunologie et maladies infectieuses de l’Université de Montréal “Il faut penser qu’on risque de contracter trois virus respiratoires : COVID-19, grippe et VRS [virus respiratoire syncytial]. Vous devrez adopter une approche syndromique : si vous présentez des symptômes tels que fièvre, toux, mal de gorge, etc., vous devez porter un masque, éviter tout contact, respecter l’hygiène des mains et ne pas vous rendre aux rassemblements », précise-t-il. Selon le chercheur, il serait plus judicieux d’organiser les célébrations en petits groupes et surtout de protéger les plus vulnérables comme les personnes âgées ou les immunodéprimés.

Jeter la girouette

La psychologue sociale Roxane de la Sablonnière a un message pour le gouvernement : pas de girouettes cette année, s’il vous plaît. « Cette période clé de l’année doit vraiment être prise en compte par les gouvernements. Nous ne voulons pas avoir une période d’incertitude juste avant, comme nous l’avons eu dans le passé, à faire des allers-retours entre l’autorisation de réunion et son interdiction. Ce contexte d’incertitude est difficile à vivre pour les gens », souligne la professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal. PHOTO DE STÉPHANE DENIS, AVEC LA COURTOISIE DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL Roxane de la Sablonnière, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal “Nous ferions mieux de nous parler maintenant, voir si des efforts peuvent être faits aujourd’hui pour éviter les restrictions. Le gouvernement devrait se positionner et, idéalement, ne pas changer d’avis en cours de route », plaide-t-il.

éviter éviter

En attendant de connaître le menu des restrictions de Noël 2022, invités et organisateurs nagent dans le brouillard et certains hésitent à se rassembler alors que le virus pourrait encore rôder dans l’écurie. Pour le Dr Joaquin Poundja, psychologue au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal Institut de santé mentale de l’Université Douglas, la peur du virus reste utile tant qu’elle reste contrôlée et modérée. Mais les personnes plus anxieuses peuvent encore hésiter même si la Santé publique dit que les feux sont au vert. c’est-à-dire tomber dans le phénomène d’évitement. “Les personnes très anxieuses peuvent être tentées d’éviter davantage les rassemblements, mais l’évitement entretient l’anxiété. Lorsque vous évitez une source de stress, le cerveau peut interpréter cela comme : là où vous êtes, vous êtes hors de danger car vous avez évité la source. Cela montre au cerveau qu’il n’y a rien de mal à être stressé”, explique la psychologue. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Joaquin Poundja, psychologue à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas Pour les personnes particulièrement réticentes, elle recommande de diminuer progressivement ce réflexe d’évitement, quitte à se faire accompagner par un professionnel de santé. “Passer de l’évitement total à la fête peut être très stressant pour certaines personnes”, prédit-elle. Là encore, la solution en petit groupe pourrait mieux supprimer la pilule si les craintes persistent. Dr. Poundja recommande également de bien s’informer des recommandations fournies par la Santé Publique et les experts du domaine afin d’avoir un portrait réaliste et de ne plus surestimer les risques réels – l’effet « microscope ». Le psychologue se place également du côté des organisateurs qui pourraient venir contre les réticences de leurs hôtes. « Il n’y aura pas de recette unique pour interagir au mieux avec les visiteurs les plus anxieux. Les invités doivent éviter de les juger ou de les critiquer, car cela augmente l’anxiété, mais plutôt écouter, converser, développer de l’empathie. L’accompagnement est l’une des meilleures protections contre le stress », précise-t-il en rappelant que nos solutions doivent être adaptées à chaque contexte et profil de visiteur.