Mais pendant la vidéo, aucun des intervenants ne peut contredire les affirmations d’Emmanuel Macron. Après avoir passé en revue les douze minutes de réponses, 20 Minutes a notamment relevé une imprécision lorsque le chef de l’Etat a répondu à l’influenceur climatique Bon Pote. « Quand allez-vous mettre en œuvre les mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat et tenir parole ? a demandé le blogueur. Pour démontrer son action, le président de la République citait typiquement l’exemple de la suppression des vols intérieurs en France, qui faisait partie des 146 propositions approuvées par l’Assemblée. Mais si Emmanuel Macron confirme que cette mesure est adoptée, la réalité est plus compliquée.

FAUX

Sur un ton affirmatif, le président a affirmé lors de la vidéo qu’il avait rempli l’une des revendications de l’Assemblée citoyenne pour le climat : « Supprimer les vols intérieurs quand il y a le même trajet en train et que ça prend moins de 2h30, c’est fait. « Le problème est que cette déclaration ne répond pas vraiment à la demande du peuple lors de la Convention. Dans les phrases approuvées, on retrouve cette mesure dans la rubrique « Se déplacer ». La commission citoyenne avait adopté la proposition suivante : « Graduellement la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs d’ici 2025, uniquement sur les lignes où il existe une alternative décarbonée satisfaisante en termes de prix et de temps (sur un trajet de moins de 4 heures ).

Pas assez courageux

Pourtant, en 2021, au moment de la loi sur le climat, la Chambre a donné son feu vert à la limite de 2h30 plutôt que de 4 heures. Cette décision permet donc de supprimer certaines lignes internes, mais pas toutes. Au total, douze compagnies aériennes étaient visées par la Convention citoyenne, mais moins de cinq liaisons pourraient finalement être suspendues à l’avenir : Paris vers Bordeaux, Lyon, Nantes ou Rennes, et Lyon-Marseille. Les déplacements vers Marseille ou Nice sont exclus. Mais ce n’est pas tout. Des dérogations doivent être prévues pour les trajets avec passagers en correspondance avec le véhicule. C’est notamment le cas de la liaison Paris-Bordeaux. “La mesure n’a rien à voir avec ce qui était initialement demandé. Notre objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030. Mais c’est insuffisant », déplore un député de l’Assemblée à 20 Minutes. Au moment du vote, les politiques étaient justifiées au motif que la suppression des lignes avait un coût pour l’emploi, mais aussi pour l’accès dans certaines zones. “On a choisi (le seuil dans la foulée) 2h30, car 4h viennent assécher des zones souvent clôturées comme le grand Massif central… Ce serait injuste au regard de l’égalité des territoires”, avait-il argumenté. le ministre des transports de l’époque Jean-Baptiste Djebbari.

Bloqué à Bruxelles

Au cours de sa vidéo, Emmanuel Macron semble également oublier de mentionner que la législation française est actuellement bloquée au niveau européen, comme l’expliquait le média Reporterre en septembre. Le texte doit aller à la Commission européenne pour “vérifier sa compatibilité avec la législation européenne”. “Une décision purement procédurale”, révèle un représentant à nos confrères. La révision de la loi par Bruxelles peut prendre du temps, car la décision n’a pas beaucoup de précédents en Europe. Après le feu vert de la Commission, la mesure devra passer devant le Conseil d’Etat. Ce n’est donc pas encore fini.