• Lire aussi : Trump dans l’arène pour 2024, ça passe ou ça casse • Lire aussi : Les médias ignorent l’annonce de la candidature de Donald Trump “Je ne me présenterai pas à la direction démocrate au prochain Congrès”, a déclaré la femme de 82 ans lors d’un discours en demi-cercle, affirmant vouloir ouvrir la voie à “une nouvelle génération”. Le président Joe Biden lui a immédiatement rendu hommage, la saluant comme une « ardente défenseure de la démocratie ». Sous les applaudissements, elle a rappelé ses 35 ans à la Chambre, qu’elle a vu devenir “plus représentative de notre belle nation”. Nancy Pelosi, la première femme à occuper la chambre basse, a également évoqué des temps plus sombres, comme l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021.
Écoutez l’éditorial de Luc Laliberté, spécialiste de la politique américaine à l’émission Richard Martineau sur QUB radio :
“En effet, la démocratie américaine est magnifique, mais elle est fragile”, a-t-il prévenu. Nancy Pelosi a gardé le suspense de sa retraite jusqu’au bout, donnant deux versions différentes de son discours. Elle continuera à siéger à l’hémicycle, en tant qu’élue ordinaire de Californie. Insultant Troisième figure de l’État américain, elle est connue pour son rôle de première opposante à Donald Trump, qu’elle a durement combattu lorsqu’il a occupé la Maison Blanche. Tacticienne dotée d’un talent politique inégalé, elle a souvent fait pleuvoir ou briller sur Capitol Hill, où elle a été élue présidente en 2007. Ces derniers mois, c’est son engagement envers Taïwan qui a suscité de nombreux débats : sa visite cet été sur l’île revendiquée par les Chinois a provoqué la colère de Pékin. Fin octobre, son mari Paul a été agressé en pleine nuit à leur domicile californien par un homme armé d’un marteau. Il cherchait en fait Nancy Pelosi, qu’il accusait de mentir et dont il entendait “casser les genoux”. Le drame a fait des ravages sur la démocrate, qui s’est dite “blessée”. Au début de son discours, elle a également parlé de son mari, “partenaire bien-aimé” et “soutien”. Peu de temps avant les élections du 8 novembre, elle a déclaré que l’attaque affecterait sa décision de se retirer si les démocrates perdaient leur majorité à la Chambre des représentants. Cela s’est passé mercredi après-midi, au terme d’une semaine de surprise comptant comme sait en créer le système électoral américain compliqué. Au final, les Républicains ont remporté une majorité d’au moins 218 sièges, ce qui, bien que très resserré, leur permettra de bloquer la politique de Joe Biden jusqu’en 2024. Division Le Congrès est ainsi divisé, les démocrates ayant réussi à conserver le contrôle du Sénat. Même avec une faible majorité à la Chambre, les républicains auront des pouvoirs de surveillance importants, qu’ils ont promis d’utiliser pour une série d’enquêtes sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou du retrait de l’Afghanistan. Ils n’ont pas perdu une seconde pour le mettre en place. Jeudi matin, les conservateurs de la Chambre des communes ont annoncé leur intention d’enquêter sur les risques de “sécurité nationale” posés par les relations commerciales de la famille de Joe Biden à l’étranger. Ce n’est pas une surprise : ils s’étaient engagés à enquêter sur le fils de Hunter, accusé d’avoir utilisé son nom pour faire des affaires en Ukraine et en Chine. Et dans cette nouvelle configuration, le parti du président démocrate ne pourra plus voter sur les grands projets. Mais l’autre côté non plus. Les républicains avaient menacé de revenir sur certaines mesures prises sous Joe Biden s’ils reprenaient le contrôle des deux chambres. Ils souhaitaient notamment revoir les fonds alloués aux services fiscaux pour le recrutement de nouveaux fonctionnaires ou pour certaines réformes dans le monde de l’éducation. La droite pourrait aussi être plus pointilleuse sur l’aide de Washington à l’Ukraine. Il avait également prévu d’attaquer le droit à l’avortement ou la législation sur les armes à feu, ce qui inciterait Joe Biden à utiliser son veto. Le président de 79 ans ne sera finalement pas obligé de camper dans cette posture défensive. Et, à la place, il devra user de ses talents de négociateur, hérités de sa longue carrière de sénateur, pour éviter la paralysie financière de l’administration fédérale.