Nancy Pelosi, figure majeure de la politique américaine, a annoncé jeudi qu’elle quitterait ses fonctions de chef de file des démocrates de la Chambre des représentants lors du prochain congrès, où les républicains ont obtenu la majorité. “Je ne me présenterai pas à la direction démocrate au prochain Congrès”, a déclaré la dirigeante de 82 ans lors d’un discours en demi-cercle, disant vouloir ouvrir la voie à “une nouvelle génération”. Le président Joe Biden lui a immédiatement rendu hommage, la saluant comme une « ardente défenseure de la démocratie ». Sous les applaudissements, elle s’est remémorée ses 35 années à la Chambre, qu’elle a vue devenir “plus représentative de notre belle nation”. Le Capitole, siège du Congrès américain, le 14 novembre 2022 à Washington (AFP/Mandel NGAN) Nancy Pelosi, la première femme à occuper la chambre basse, a également évoqué des temps plus sombres, comme l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021. “La démocratie américaine est magnifique, mais elle est fragile”, a-t-il averti. Nancy Pelosi a gardé le suspense de sa retraite jusqu’au bout, donnant deux versions différentes de son discours. Elle continuera à siéger à l’hémicycle, en tant qu’élue ordinaire de Californie. “Merci pour tout ce que vous avez fait pour l’Amérique”, a déclaré Hakeem Jeffries, élu de New York et qui devrait lui succéder en tant que leader démocrate à la Chambre. “L’ère Pelosi est terminée. Bonne sortie !” a tweeté la trompettiste du Colorado Lauren Bobert.

– Attaque – Troisième figure de l’État américain, elle est connue pour son rôle de première opposante à Donald Trump, qu’elle a durement combattu lorsqu’il a occupé la Maison Blanche. Douée avec tact d’un style politique hors pair, elle a souvent fait pleuvoir et briller sur Capitol Hill, où elle a été élue “Speaker” en 2007. Nancy Pelosi le 17 octobre 2022 à Menlo Park, Californie (POOL / JOSH EDELSON) Ces derniers mois, c’est son engagement envers Taïwan qui a suscité de nombreux débats : sa visite cet été dans l’île qui, selon les autorités chinoises, avait provoqué la colère de Pékin. Fin octobre, son mari Paul a été agressé en pleine nuit à leur domicile californien par un homme armé d’un marteau. Il cherchait en fait Nancy Pelosi, qu’il accusait de mentir et à qui il entendait “casser les genoux”. Le drame a fait des ravages sur la démocrate, qui s’est dite “blessée”. Au début de son discours, elle a également parlé de son mari, “partenaire bien-aimé” et “soutien”. Peu de temps avant les élections du 8 novembre, elle a déclaré que l’attaque affecterait sa décision de se retirer si les démocrates perdaient leur majorité à la Chambre des représentants. Le leader républicain de la Chambre Kevin McCarthy, le 15 novembre 2022 à Washington (AFP/Mandel NGAN) Cela s’est passé mercredi après-midi, après plus d’une semaine de dépouillement à suspense, tant le système électoral américain compliqué sait créer les conditions. Au final, les Républicains ont remporté une majorité d’au moins 218 sièges, ce qui, bien que très resserré, leur permettra de bloquer la politique de Joe Biden jusqu’en 2024.

– Division – Le Congrès est ainsi divisé, les démocrates ayant réussi à conserver le contrôle du Sénat. Le président Joe Biden, le 9 novembre 2022 à Washington (AFP/Mandel NGAN) Même avec une faible majorité à la Chambre, les républicains auront des pouvoirs de surveillance importants, qu’ils ont promis d’utiliser pour une série d’enquêtes sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou du retrait de l’Afghanistan. Ils n’ont pas perdu une seconde pour le mettre en place. Jeudi matin, les conservateurs de la Chambre des communes ont annoncé leur intention d’enquêter sur les risques de “sécurité nationale” posés par les relations commerciales de la famille de Joe Biden à l’étranger. Le fils de Hunter est accusé d’avoir utilisé son nom de famille pour faire des affaires en Ukraine et en Chine. Privé d’un Congrès qui lui appartenait entièrement pendant deux ans, le parti du président démocrate ne pourra plus faire passer de grands projets. Mais l’autre côté non plus. L’avenir des plans républicains – dévoilement de certaines réformes de l’éducation, remise en question de l’aide à l’Ukraine, légalisation de l’avortement au niveau fédéral, etc. – cela semble donc plus qu’incertain.