Une découverte historique. Les sondages les placent entre 30 et 50 sièges, dont 90 remportés par la Coalition nationale ce dimanche au second tour des législatives. C’est six fois plus que le minimum requis de 15 députés pour former un groupe en demi-cercle. Le parti de Marin Le Pen – qui a été largement réélu avec 61,03% des suffrages dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais – est devenu le parti minoritaire avec le plus de sièges, devant La France Insoumise. Son score va lui donner un pouvoir à l’Assemblée qu’il n’a jamais eu auparavant. 89 députés, c’est trois fois la force de gêne face à la majorité présidentielle relative.

Plus d’influence sur le demi-cercle

Avec son groupe parlementaire, le RN pourra faire entendre sa voix et accéder aux privilèges accordés aux partis de 15 députés ou plus. Dépasser ce nombre leur permet d’augmenter leur champ d’action. Les députés lepénistes auront désormais le pouvoir de demander un ajournement de la séance et un vote public. Ce que vous pouvez faire pour influencer l’organisation des discussions. Ils profiteront également de beaucoup plus de temps de conversation que lorsqu’ils n’avaient que 8 ans en 2017. Et ainsi ils seront davantage entendus.

Signer une motion de censure

Dépassant le nombre de 58 députés, le parti bleu s’assure la possibilité de signer une motion de censure. Et finalement renverser le gouvernement. Concrètement, en décidant, ils peuvent provoquer une discussion puis un vote à l’Assemblée. Si la proposition est ratifiée à la majorité absolue, soit 289 voix, alors le gouvernement est renversé et Emmanuel Macron doit nommer un nouveau Premier ministre. Cette démarche a peu de chances d’aboutir – elle s’est déjà produite sous la Ve République – mais le RN dispose désormais de ce puissant moyen de contrôle et d’expression de son désaccord avec la politique gouvernementale.

Saisir le Conseil constitutionnel

Le pouvoir délétère de la majorité du parti de Marin Le Pen ne s’arrête pas là. Avec plus de 60 députés, le RN s’offre l’opportunité de soutenir le rejet d’un projet de loi en occupant le Conseil constitutionnel. Pour censurer certaines dispositions d’un texte ou l’ensemble du texte, ils peuvent faire appel aux Sages et demander l’analyse de la constitutionnalité du projet de loi. Ce recours peut ralentir considérablement l’agenda de l’exécutif et fragiliser de nombreuses mesures. Sans aller jusqu’à 185 députés, la Coalition nationale ne se permet pas de solliciter un référendum d’initiative commune (RIC). Une disposition qui demande -après la ratification du Conseil constitutionnel- l’approbation de 10% des électeurs, soit 4 millions de citoyens. Au cours de sa campagne, Marin Lepen avait appelé à plusieurs reprises à la formation d’un gouvernement par référendum, ignorant les détails juridiques et en faisant l’un des piliers de son programme de révision institutionnelle.