La journaliste Sonia Rolley a été expulsée de la République démocratique du Congo. Notre collègue, une ancienne membre du desk Afrique de RFI qui venait d’intégrer l’agence de presse Reuters, a été convoquée mardi 8 novembre à la direction générale des migrations et s’est vu confisquer son passeport à son arrivée, avant d’être mise manu militari dans un avion avec des pour Paris via Addis-Abeba, sans même pouvoir récupérer sa valise. Elle attend son accréditation, déjà payée, depuis septembre. Que sait-on des raisons de son expulsion ?
Selon nos sources, les agents qui ont interrogé Sonia Rolley au siège de la DGM à Kinshasa l’ont informée qu’elle n’a pas été licenciée pour son travail à Reuters, mais pour ses “activités antérieures”. En effet, Sonia Rolley s’est attiré l’inimitié d’hommes politiques et d’hommes d’affaires congolais lors de ses reportages alors qu’elle travaillait pour RFI, notamment avec l’enquête “Congo Hold-up”, qui a révélé d’importants détournements de fonds publics en République démocratique du Congo. Les autorités congolaises ont tenu à justifier les raisons pour lesquelles notre collègue ne pouvait pas rester au pays : « Il ressort de son dossier qu’elle était en conflit avec les textes légaux et réglementaires régissant la police des étrangers. et donc, dans un état de résidence illégale”, indique le communiqué. Précision #RDC : Pour motif de séjour irrégulier, @soniarolley a été reconduite dignement à la frontière par les services habilités, conformément à la procédure applicable. Plus de détails dans ce communiqué 👇🏾 pic.twitter.com/oE4ugG5oga — Ministère de la communication et des médias/RDC (@Com_mediasRDC) 9 novembre 2022 Le visa touristique qui permettait à @soniarollley de séjourner en RDC sans travailler a été brusquement annulé le 8 novembre lorsqu’elle a été convoquée à la DGM où elle a été immédiatement transférée à l’aéroport de Kinshasa et embarquée sur le vol. https://t.co/1j24BRIRrT6 – Pascal Mulegwa (@pascal_mulegwa) 9 novembre 2022 Il y a aussi le contexte dans lequel cette décision a été prise. Le bureau conjoint des droits de l’homme des Nations unies en RPDC, qui s’est « alarmé » de l’expulsion de notre confrère mardi, a pointé les difficultés croissantes rencontrées par les journalistes étrangers pour obtenir une accréditation ou simplement « exercer librement leur métier ». Des confrères congolais contactés par RFI estiment pour leur part que son expulsion est le signe d’une nervosité croissante de la part des autorités en vue d’élections provisoirement prévues en décembre 2023. Ce qu’Amnesty International résume en expliquant que la Déportation de Sonia Rolley montre « le climat dangereux dans lequel opèrent les médias en RDC ». ►À relire : RDC : expulsion de la journaliste française Sonia Rolley
Ce que nous dit l’expulsion de Sonia Rolley de la RDC
#RDC : “L’expulsion de Sonia Rolley montre le climat dangereux dans lequel évoluent actuellement les médias en RDC où d’autres journalistes étrangers peinent à obtenir leur accréditation (…)”, L’Association des Correspondants de la Presse Internationale. sol — Stanis Bujakera (@StanysBujakera) 9 novembre Faut-il s’inquiéter de la relation actuelle entre les autorités congolaises et les médias, à l’approche des élections prévues en décembre 2023 ? Clémentine Pawlotsky, de la rédaction Afrique de RFI, a posé la question à Trésor Kibangula, analyste politique à Ebuteli, un institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. Du côté du gouvernement, nous envoyons des signaux indiquant que nous nous dirigeons vers une presse libre, avec ce projet de loi sur la liberté de la presse déposé, de nombreuses ONG attendaient ce moment. et d’autre part, même s’il y a le débat sur la légalité du séjour, et on entend d’autres messages qu’il y a d’autres journalistes étrangers qui sont accrédités et que ce serait un problème personnel entre les autorités et Sonia Rolley, il insiste sur le fait que… n’est-ce pas le travail des journalistes en tant qu’enquêteurs, en tant que journalistes d’investigation, qui bouleverse tout ? un système de vol au-delà même du pouvoir actuel ?
Treasure Kibangula, analyste chez Ebuteli
Clémentine Pawlotsky