Il y a des victoires fragiles, au goût amer, lentes à émerger et qui méritent une petite explosion. Huit jours après les élections de mi-mandat, les républicains s’emparent de la majorité à la Chambre des représentants, passant le seuil des 218 élus. Les bonnes performances des démocrates et le dépouillement très laborieux à certains endroits ont retardé ce résultat, comme l’ont confirmé les médias américains mercredi 16 novembre. L’attribution définitive des sièges demandera encore quelques jours de patience. Oubliée, la vague rouge tant convoitée. La marge étroite que les républicains auront les forcera à une discipline d’équipe difficile, alors même que leur parti connaît le fossé de la division. La candidature hâtive de Donald Trump à la présidentielle de 2024, annoncée le 15 novembre, met en lumière le conflit interne entre deux plaques tectoniques : le mouvement MAGA (Make America Great Again) et l’establishment républicain traditionnel. Les démocrates, qui contrôlent le Sénat, sont prêts à se recroqueviller comme un hérisson face aux futures attaques de la Chambre, en attendant aussi que les Américains ressentent les effets positifs, en 2023, des réformes entamées il y a deux ans. Administration Biden. Dans un communiqué publié mercredi soir, le président américain a félicité le Parti républicain pour son succès et s’est dit prêt à travailler avec des élus centrés sur le quotidien des citoyens. Il a également lancé un avertissement : “Les électeurs ont exprimé clairement leurs préoccupations : la nécessité de baisser les prix, de protéger le droit de choisir [l’avortement] et préserver notre démocratie. »

Un arrière-pensée de la vie publique qui fatigue

La fragilité du Parti républicain à la Chambre a été démontrée mardi par l’élection plus difficile que prévu de Kevin McCarthy (Californie) comme candidat à la présidence, détenu jusqu’ici par la démocrate Nancy Pelosi. Il n’a récolté que 188 voix, contre 31 pour son adversaire, Andy Biggs (Arizona). Pourtant, ces voix dissidentes ne pourront pas manquer l’appel, en janvier 2023, pour la nomination officielle de Kevin McCarthy. Mercredi, c’était au tour de Mitch McConnell – méprisé par Donald Trump – d’être appelé à diriger le groupe républicain au Sénat (37-10). Ce conflit entre les deux leaders au Congrès montre l’influence du Freedom Caucus – le groupe d’une quarantaine d’élus assimilés au mouvement MAGA. Armés du pouvoir intimidant de la base trumpiste, ces élus veulent consolider leur contrôle sur la ligne du parti. Il vous reste 73,77% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.