L’annexe 6 du rapport de l’étude de biosurveillance du quartier Notre-Dame fait état de ces inquiétudes, mais à la demande du Dr. Arruda, non publié. Pour le représentant du Parti québécois pour la santé, Joël Arseneau, ces révélations sont horribles. Les révélations de ce matin (lundi) sont graves, très graves. C’est une nouvelle choquante. Quand on sait le rôle et la confiance qu’on doit avoir envers la direction nationale de santé publique pour protéger la santé, la sécurité et la vie des gens et qu’il y a tant d’informations vitales sur les liens possibles entre les émanations d’arsenic et l’environnement communautaire de Rouyn-Noranda […]que ces informations soient retirées du public sur une base volontaire, je ne comprends pas cette décision, précise-t-il. Joël Arseneau, représentant santé PQ. Photo : Radio-Canada / Daniel Coulombe La porte-parole du Parti libéral du Québec pour l’environnement, Isabelle Melançon, est d’accord. “Je suis juste choqué. Choqué car comme pour les citoyens du Québec, les législateurs que nous sommes à l’Assemblée nationale n’avaient pas entre les mains toutes les informations sur la situation du cancer en Abitibi-Témiscamingue. » – Un extrait d’Isabelle Melançon, représentante en environnement du PLQ Mme Melançon fait le lien entre le dossier de l’arsenic et ce nickel, le métal pour lequel le gouvernement du Québec a récemment approuvé une augmentation des émissions. Cela me ramène à un dossier en tête, celui de l’augmentation du pourcentage de nickel dans l’air. Avons-nous toutes les informations ? Je ne suis pas sûr, j’ai un doute. Je dois vous dire que la confiance est ébranlée aujourd’hui quand on voit qu’on a des informations cachées. “Je ne pense pas que ce soit le Dr Arruda qui ait voulu le retrait de l’annexe 6. Ce que je considère comme de la manipulation politique”, a déclaré M. Verdun. La représentante du PLQ pour l’environnement, Isabelle Melançon. Photo : Radio Canada / Sylvain Roy Roussel Isabelle Melançon prétend que les révélations sur Rouyn-Noranda remettent en question les informations qui ont été transmises au public pour justifier les augmentations de nickel autorisées dans l’air. Si nous avions des informations secrètes en 2019, je pense que nous pouvons continuer à nous cacher des informations en 2022, affirme-t-il.

Quelle est la puissance des services régionaux de santé publique ?

Pour la représentante du MNA de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et représentante de Québec solidaire pour l’environnement Émilise Lessard-Therrien, il est surprenant de voir le directeur national de santé publique intervenir ainsi dans l’administration régionale de l’Abitibue-Té. “Si notre direction régionale de santé publique juge opportun d’inclure ces données dans son rapport de biosurveillance, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement national s’est impliqué et leur a demandé de retirer ces données, notamment parce qu’elles sont extrêmement préoccupantes. » – Extrait d’ilmilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue Si nous avions eu ces données en 2019, peut-être que la population aurait pris plus de mesures et qu’il y aurait eu plus de pression sur le gouvernement pour qu’il prenne des mesures rapides et précises pour le dossier, dit l’homme. Députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et représentante de Québec solidaire environnement, ilmilise Lessard-Therrien. Photo : Radio Canada / Sylvain Roy Roussel Le représentant du Parti québécois est quant à lui d’accord avec son collègue solidaire, soulignant l’importance de prêter attention aux enjeux de santé publique. Il y a lieu de s’interroger, surtout lorsque les directeurs régionaux disent : « Peut-être que c’est une meilleure idée de respecter le principe de précaution. “On s’attendrait à ce que la plus haute instance décisionnelle, la direction nationale de la santé publique, maintienne le principe de précaution”, a déclaré Joël Arseneau.

Aucune intervention gouvernementale, dit François Legault

Selon des intervenants des trois principaux partis d’opposition, les deux rôles du directeur national de la santé publique, celui de sous-ministre, sont incompatibles, de sorte que des considérations politiques peuvent influencer les décisions de santé publique. De passage en Estrie lundi, le premier ministre du Québec, François Legault, a nié toute forme d’ingérence gouvernementale dans la décision de ne pas publier l’annexe 6 du rapport d’étude d’essais biologiques de 2019. “Nous ne sommes pas intervenus. Ce que j’ai compris en parlant à l’équipe du Dr. Arruda ce matin attendait plus d’informations pour devenir plus précis sur les risques de cancer, mais nous ne l’avons pas fait et ne l’avons jamais fait. La santé publique est complètement autonome. » – Extrait de François Legault Le premier ministre François Lego nie toute implication du gouvernement dans l’affaire du cancer du poumon de Rouen-Noranda. Photo : Radio-Canada / Charles Contant Selon Isabelle Melançon, il faut toutefois clarifier la frontière entre la santé publique et le gouvernement. Il faut vraiment qu’il y ait un pare-feu entre la politique et la santé publique, ce qui ne se fait pas en ce moment car malheureusement il y a confusion entre les sexes. J’aimerais vous rappeler que le directeur de la santé publique est toujours le sous-ministre. Le gouvernement caquiste n’a pas appris de ses erreurs puisqu’il a reconduit un nouveau directeur de la santé publique qui est aussi sous-ministre de la Santé, ce qui ne marche pas, dit-il. Y a-t-il eu une dissimulation politique ? Je pense que la réponse est oui, ajoute Isabelle Melançon Au-delà de cette frontière entre politique et santé publique, ilmilise Lessard-Therrien croit que les décisions gouvernementales sont souvent motivées par des incitatifs financiers et parfois prises au détriment de la santé et de l’environnement. Il y a deux semaines, lorsque j’ai posé une question au Parlement sur le dossier de l’arsenal, le ministre de l’Économie a répondu que c’était son ministère qui avait analysé le plan de Glencore pour réduire ses émissions d’arsenic. Pourquoi n’est-ce pas Santé ? Pourquoi pas Environnement ? C’est une preuve supplémentaire que l’aspect économique l’emporte sur l’aspect sanitaire. En ce moment, j’ai beaucoup plus de questions que de réponses, conclut-il. En collaboration avec Jean-Marc Belzile