Publié 13h48 Mis à jour 20:50
Camille CAMDESSUS avec Romain FONSEGRIVES à Phoenix Agence France-Presse
Les bureaux de vote ont fermé sur une partie de la côte Est des États-Unis. Mais il faudra des heures, voire plusieurs jours, ont prévenu les responsables, pour déterminer la couleur du prochain Congrès à Washington. Pétrifié par une inflation record, le président démocrate de 79 ans risque de perdre le contrôle de la Chambre et du Sénat lors de ces élections de mi-mandat traditionnellement défavorables au parti au pouvoir et de voir son militantisme paralysé pour les deux prochaines années. Son prédécesseur Donald Trump, qui a fortement soutenu nombre de candidats républicains, mise sur leur succès pour se lancer sous les meilleurs auspices dans la course présidentielle de 2024. Lors de son dernier rendez-vous, il a promis “une très grosse annonce” le 15 novembre. Présent omniprésent sur la campagne électorale, Donald Trump semble également désireux de couper l’herbe sous les pieds d’éventuels opposants républicains, dont Ron DeSandis, l’étoile montante du parti, qui a été massivement réélu gouverneur de Floride mardi après-midi, selon les médias de masse américains. En attendant, “je pense que nous allons passer une très bonne nuit”, a prédit Donald Trump en sortant d’un bureau de vote en Floride. Dans cet Etat du sud, les républicains ont aussi été réconfortés par la réélection du sénateur Marco Rubio face au démocrate Val Demings, pour qui Joe Biden était venu faire campagne. Pourtant, les démocrates ont déjà arraché deux gouvernorats aux républicains : dans le Maryland et le Massachusetts, où Maura Healy sera la première lesbienne à diriger un État.
“Civilisé”
Signe du climat désagréable dans lequel se sont déroulées ces élections : Donald Trump a simultanément répété le score qui était le sien depuis sa défaite en 2020, faisant planer le doute sur la régularité du travail électoral. Constatant que les machines à voter fonctionnaient mal dans un quartier très fréquenté de l’Arizona, il a posté sur sa plateforme Truth Social : « Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas. » PHOTO DE RICARDO ARDUENGO, REUTERS L’ancien président américain Donald Trump et son épouse Melania marchent devant un bureau de vote lors des élections de mi-mandat à Palm Beach, en Floride. Les autorités locales ont reconnu le problème, mais ont assuré que les électeurs ont d’autres options pour voter sur ce scrutin qui couvre l’ensemble de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, de nombreux sièges d’élus locaux et plusieurs référendums. Malgré leurs assurances, ces couacs très localisés suscitent des inquiétudes. Pendant la campagne, “il y a eu beaucoup de tension et de désinformation”, a déploré Robin Ghirdar, un médecin de 61 ans venu voter démocrate en Pennsylvanie, déplorant que “la recherche de la vérité et du compromis se soit perdue dans la mêlée”. » En fait, chaque camp a dramatisé les enjeux de l’élection : les démocrates se sont imposés comme les défenseurs de la démocratie et du droit à l’avortement contre les républicains considérés comme des « extrémistes ». les conservateurs se sont fait les garants de l’ordre face à une gauche dite « détendue et radicale » sur la sécurité et l’immigration.
“Le père de bonne famille”
L’inflation – plus de 8,2 % en un an – a toutefois dépassé tous les autres problèmes.
Jusqu’au bout, Joe Biden a tenté de défendre son bilan économique, se présentant comme “le président de la classe moyenne”, annulant la dette étudiante et investissant dans les infrastructures. Mais ses efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits.
PHOTO DE TOM BRENNER, REUTERS
Plus de 40 millions d’Américains ont voté tôt et mardi, les électeurs ont défilé en masse vers les bureaux de vote, où l’ambiance était sombre.
Selon les sondages d’opinion, l’opposition républicaine devrait obtenir au moins 10 à 25 sièges à la chambre basse – plus que suffisant pour y être majoritaire. Les sondeurs sont plus confus quant au sort du Sénat, avec un avantage pour les républicains.
S’il perd sa majorité, le président disposerait avant tout d’un droit de veto, et les républicains ont fait savoir qu’ils ne l’épargneraient pas. Ils envisagent notamment de lancer des enquêtes parlementaires sur les affaires du fils de Hunter et de certains de ses ministres.
Duels à couper le souffle
En particulier, des élections de mi-mandat se tiennent dans une poignée d’États clés – les mêmes qui étaient déjà au cœur de l’élection présidentielle de 2020. Tous les projecteurs sont particulièrement braqués sur la Pennsylvanie, ancienne place forte de l’acier, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, alias Donald Trump, affronte le géant démocrate John Fetterman pour le siège le plus disputé au Sénat. Car le rapport de force de cette chambre haute, aux pouvoirs énormes, dépend très probablement de ce siège. La Géorgie, l’Arizona, l’Ohio, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de courses serrées, avec des démocrates partout opposés à des candidats soutenus par Donald Trump, qui promettent une loyauté totale à l’ancien président. PHOTO PAR LEAH MILLIS, REUTERS Pétrifié par une inflation galopante, le président de 79 ans risque de perdre le contrôle du Congrès lors de ces élections de mi-mandat traditionnellement défavorables au parti au pouvoir. Au total, près de 17 milliards de dollars auront été dépensés pour ces élections de mi-mandat, selon le site Opensecrets, un record. PHOTO HANNAH BEIER, REUTERS Mehmet Oz (photo) affronte John Fetterman pour le siège au Sénat le plus controversé.