• À lire aussi : Ouverture du procès Harold Lebel à Rimouski • Lire aussi : Découverte du CAQ dans l’est de la province La femme, dont l’identité fait l’objet d’une interdiction de publication, connaissait le député et le considérait même comme un “bon ami”. Elle a été retrouvée en train de dormir deux nuits dans son appartement avec une troisième personne en 2017 alors qu’elle visitait Rimouski pour le travail. Si la première nuit s’est bien passée, la seconde s’est transformée en cauchemar pour la victime présumée. Après que la troisième personne présente se soit couchée vers minuit, LeBel et la femme ont continué à discuter dans la salle à manger de l’appartement du député Rimouski. C’est là que LeBel l’aurait embrassé, plaçant ses mains sur ses cuisses alors que la conversation devenait plus personnelle. “J’ai été tellement surprise car jamais au cours de notre relation, ni même la nuit, je n’ai ressenti d’approches de séduction”, a-t-elle témoigné devant le jury de 14 membres. Soutien-gorge amovible La plaignante dit avoir reculé et dit à Harold Lebel qu’elle voulait prendre une douche et aller se coucher. En se dirigeant vers la salle de bain, l’accusé l’aurait suivie “en train de se disputer”. “[Il a dit] Pourquoi pas? Pourquoi vas-tu dormir ? Ne bougez pas, nous continuerons à parler. Je l’ai vu s’approcher de moi. Il a posé sa main sur mon dos et a défait mon soutien-gorge”, a déclaré la femme. Parvenant à s’enfermer dans la salle de bain, la plaignante explique que LeBel a tenté d’entrer et a persisté. Elle envoie alors un SMS qui reste sans réponse à son amie qui l’accompagne, qui dort à ce moment-là. Voyant que l’accusé n’est plus devant la porte gelée de la salle de bain au bout de quelques minutes, la femme décide d’aller prendre une douche et tente de se calmer en se demandant ce qui s’est passé. “Je tremblais encore comme une feuille”, a-t-elle déclaré au jury, faisant référence à une “transformation” entre l’homme qu’elle connaissait et l’agresseur qui se tenait devant la porte des toilettes. Caresser sur un lit Allant dormir sur un lit escamotable dans le salon, le plaignant prétend alors avoir été rejoint par LeBelle qui lui a demandé de coucher avec elle. « 1001 questions me traversaient l’esprit. Il y a quelques minutes, c’était un ami que j’apprécie. Je me sentais mal de lui avoir dit non, j’avais peur, j’avais peur qu’il me fasse du mal. […] Et j’ai dit d’accord. Si dans un premier temps, Harold Lebel reste à l’écart, les choses changent vite, même si la victime présumée indique qu’on le maintient « le plus loin possible » du lit. C’est alors que l’attaque a continué. L’ex-député aurait commencé à caresser la femme, à lui toucher les fesses, à la serrer, à la toucher de partout. “J’ai senti ses doigts sur mes fesses se briser. Ça a pris une heure folle. À un moment donné, il s’est approché de mon anus, a caressé la zone et a essayé d’y insérer un doigt », a-t-elle témoigné. La victime a déclaré qu’elle était restée immobile tout au long, paralysée par la peur “que quelque chose d’autre puisse arriver”, à tel point que “chaque centimètre carré de son corps lui faisait mal” le lendemain. Il a décrit devant le tribunal que ces “séquences de gestes” ont duré toute la nuit, jusqu’au lever du soleil. “C’était absolument sans fin. […] Je me suis dit que ça s’arrêterait, que ça dormirait, mais ça a continué”, a-t-elle expliqué d’une voix tremblante mais contrôlée. Des messages texte Tôt le matin, la troisième personne présente s’est précipitée dans le salon dès son réveil, a expliqué le plaignant, affirmant qu’il venait “de voir le SMS”. L’ambiance est en ce moment glaciale, un “énorme malaise” qui paralyse le petit appartement, selon la femme. Harold Lebel conduit ensuite les deux femmes à une station-service, car elles doivent y trouver un atelier de réparation pour quitter les lieux. Une fois sur le chemin du retour, la victime présumée a déclaré avoir fondu en larmes en racontant sa nuit avec LeBel. Ce dernier lui envoie actuellement des SMS qui ont été déposés en preuve. “[…] Merci de m’avoir laissé rester avec toi aussi”, a écrit celui qui était alors député de Rimouski, avant d’ajouter : “C’est sûr que je ne me sens pas à l’aise ce matin, mais ça me fait du bien.” La victime présumée poursuivra son témoignage mercredi matin et pourra être contre-interrogée par l’avocat de la défense Me Maxime Roy. Premier témoin Au début de cette deuxième journée de procès, le juge Serge Francoeur a présenté ses directives aux 14 jurés nommés lundi. À l’instar du juge, la procureure Manon Gaudreault a insisté sur les idées préconçues que la cour pouvait avoir sur les affaires d’agression sexuelle. “Soyez très prudent, nous parlons ici de la réalité. On ne parle pas de ce qu’on pense être la normalité », a insisté Me Gaudreault, ajoutant que son témoignage démontrerait rapidement « la situation difficile dans laquelle [la victime]et “pourquoi il a choisi de prétendre que cette nuit n’existait pas”. Le premier témoin appelé à la barre était un technicien en identité judiciaire de la Sûreté du Québec. Il est venu présenter des photos du domicile d’Harold LeBel prises le matin de son arrestation, le 15 décembre 2020, ainsi qu’un croquis des lieux. Cette preuve permettra au jury de mieux se positionner lors d’autres témoignages, a déclaré la Couronne.