Après 20 jours en mer à la recherche d’un port sûr, les 234 migrants à bord du navire humanitaire Ocean Viking ont été accueillis à Giens, dans le Var. C’est la première fois qu’un bateau-ambulance opérant au large de la Libye débarque des rescapés en France, déclenchant une crise diplomatique avec l’Italie, qui a refusé de l’accueillir. Dans une interview à ParisienLa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna dénonce le “manque d’humanité” de l’Italie sous le Premier ministre d’extrême droite Giorgia Meloni. “La décision est choquante. Ces méthodes ne sont pas acceptables. C’est une très forte déception sur le terrain”, répond le ministre français des affaires étrangères. Catherine Colonna affirme “qu’il y aura des conséquences si l’Italie persiste dans cette position (…) L’Italie ne respecte ni le droit international ni le droit de la mer. La règle est celle du port le plus sûr à proximité : le navire était proche des côtes italiennes” . De son côté, Rome rejette les critiques de Paris et appelle à une “solution européenne”.

Mécanisme européen de “solidarité”.

En fait, “il s’agit de la mise en œuvre d’une décision européenne qui a déjà été prise”, souligne auprès de l’AFP Virginie Guiraudon, experte en immigration au CNRS, rappelant qu’un mécanisme européen de “solidarité” a été adopté en juin. Il demande à une dizaine d’Etats, dont la France, d’accueillir volontairement 8.000 migrants arrivés dans des pays dits “de première ligne” comme l’Italie, mais jusqu’à présent seuls 117 ont été réinstallés, provoquant la colère de Rome. A cet égard, l’Italie – accompagnée de la Grèce, de Malte et de Chypre – a dénoncé ce samedi le système de gestion des flux migratoires dans l’Union européenne qui lui donne un poids prépondérant et a demandé l’intervention de la Commission européenne. Ces pays, les plus exposés avec l’Espagne à l’arrivée de migrants, plaident depuis des années en faveur d’un système de relocalisation obligatoire.

Pays “de première ligne” difficiles.

Ils dénoncent l’idée que “les pays de première entrée pourraient être les seuls points de débarquement européens possibles pour les migrants illégaux” et pointent du doigt les ONG humanitaires dont “les navires privés opèrent en toute autonomie vis-à-vis des autorités étatiques compétentes”. Ils exigent que tout État qui bat son pavillon sur un navire humanitaire « exerce effectivement sa juridiction et son contrôle » sur celui-ci. Des navires battant pavillon français, norvégien ou allemand accostent régulièrement en Italie, au grand dam des autorités de la péninsule qui exigent, sans succès, que leurs États du pavillon prennent en charge les migrants. Ambre Lepoivre avec le reporter AFP BFMTV