Lorsqu’on leur demande s’ils pourront maintenir leur production en réduisant leur consommation d’énergie, 38 % des chefs d’entreprise pour qui le gaz naturel est la principale source d’énergie répondent non. En d’autres termes, s’ils ne peuvent pas se permettre des augmentations de prix, ils devront produire moins.
Le pourcentage est presque le même pour les utilisateurs de pétrole (35 %). Mais il tombe à 22 % pour ceux qui utilisent principalement l’électricité. Quant à la marge de manœuvre des entreprises qui peuvent consommer moins, elle reste faible : très peu de TPE et PME estiment pouvoir atteindre la limite de réduction de 10 % de la consommation d’énergie sans affecter leur activité. Et un chef d’entreprise sur quatre se dit aujourd’hui incapable de dire comment il va s’adapter.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Crise énergétique : Macron dans le lit des entreprises
Cette situation a un impact immédiat : “N’ayant aucune visibilité sur le prix de l’énergie, les chefs d’entreprise choisissent de différer les investissements”, explique Philippe Mutricy, directeur d’études à Bpifrance. Malgré des conditions de financement toujours favorables, selon le baromètre, moins d’un entrepreneur a investi ou compte le faire en 2022, soit dix points de moins qu’en début d’année.
Des indicateurs rassurants sur l’inflation
L’impact de ce ralentissement est à prendre en compte : il fait suite à deux années de forts investissements, les entreprises profitant de leur trésorerie en hausse pour financer des projets d’équipement ou de transformation, par exemple dans le secteur du numérique. « L’investissement a crû deux fois plus vite que le PIB depuis la crise sanitaire, rappelle Baptiste Thornary, chef économiste de Bpifrance. La perte des intentions d’investissement s’explique aussi par la dégradation des cash-flows, qui touche une entreprise sur trois, mais qu’il faut aussi prendre en compte : elle correspond probablement au retour à la normale après la crise du Covid. Par ailleurs, les défaillances d’entreprises, si elles atteignent progressivement leur niveau de long terme, restent limitées : avec 38 525 procédures enregistrées entre novembre 2021 et octobre 2022, selon les données publiées mercredi 16 novembre par la Banque de France, on reste près de 25 % en dessous du Niveau d’insolvabilité 2019. Il vous reste 20,54% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.