C’est désormais le danger d’une spirale électorale qui menace ce pays balkanique de 6,5 millions d’habitants, le plus pauvre de l’Union européenne. Les Bulgares ont déjà remporté trois élections législatives l’an dernier. Jusqu’à l’entrée fracassante en politique du libéral pro-européen Petkov, diplômé de l’université d’Harvard qui a décidé de faire le ménage après une décennie de règne controversé de Boïko Borissov.

“Il y a un tel peuple”

Mais la coalition hétéroclite formée en décembre s’est scindée : début juin, elle a perdu le soutien du parti antisystème “Il y a un tel peuple” (ITP). Dans l’opposition, Gerb, le parti conservateur de Borisov, s’est précipité aux urnes et a fait une proposition, pointant “l’échec de la politique économique et financière du gouvernement” dans un contexte de hausse des prix. “Ce fut un honneur pour moi de diriger un gouvernement renversé par Borissov, Peevsky, Trifonov et Mitrofanova”, a déclaré Petkov, faisant référence non seulement aux dirigeants de l’opposition mais aussi à un éminent oligarque et ambassadeur de Russie en Russie. “Ils ne comprennent pas que ce n’est pas la bonne façon de gagner les faveurs du peuple bulgare”, a-t-il ajouté, promettant de poursuivre le combat.

Archives des litiges

Le Premier ministre était arrivé au pouvoir dans l’espoir de “transformer la Bulgarie en un pays européen normal, prospère et sans mafia”, mais la guerre en Ukraine a bouleversé son programme. Dans ce pays traditionnellement proche de Moscou, la guerre “a intensifié les divisions, affaibli le gouvernement”, a déclaré à l’AFP Rouslan Stefanov du Centre pour l’étude de la démocratie (CSD). Malgré sa forte dépendance à l’énergie russe, Sofia n’a pas accédé à la demande du Kremlin d’ouvrir un compte en rouble pour les paiements de gaz et a donc vu ses approvisionnements coupés. Cet événement sans précédent a joué “un rôle clé dans la crise actuelle”, a déclaré Ognyan Minchev, directeur de l’Institut d’études internationales de la capitale. “Les oligarques bulgares qui recevaient des vivres” se sont révélés privés de revenus, “ce qui a exacerbé les tensions au sein de la coalition ainsi qu’entre les milieux d’affaires et le gouvernement”, a-t-il déclaré à l’AFP. “L’intervention russe est importante en Bulgarie, de nombreux milieux y sont sensibles”, a ajouté le politologue Yavor Sinderov, évoquant “des tentatives constantes pour la déstabiliser en diffusant de fausses informations”. Autre dossier créé la polémique : la livraison d’armes à l’Ukraine. Au sein du gouvernement, alors que la majorité y était favorable, les socialistes, quant à eux, refusèrent de se plier aux exigences de Kiev. Une autre source de discorde est le veto bulgare sur le début des négociations pour l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE, en raison de différences historiques et culturelles.