L’ingénieur Jonathan Emond retournera au travail début décembre. Au cours des dernières semaines, les employés patronaux et syndiqués de cette ville de 20 000 habitants sur l’île de Montréal ont confié leurs craintes à notre Bureau d’enquête. Ils ne comprennent pas pourquoi le joueur de 42 ans est toujours à son poste. En avril 2020, il a été accusé au criminel d’avoir commis une agression avec une arme et d’avoir proféré des menaces contre un confrère commerçant Éric Simard. “Il m’a harcelé pendant un mois, m’a intimidé, m’a attaqué. Jusqu’où ira ce type ? Il n’y a personne ici qui puisse lui faire entendre raison », déclare Éric Simard en entrevue. M. Simard dit que son agresseur l’a secoué et lui a même lancé une bouteille de produit chimique à la tête. Il dit avoir porté plainte à la police pour le manque d’intervention de son employeur. Son agresseur a plaidé coupable aux menaces et a obtenu une libération conditionnelle avec 18 mois de probation en juin 2021. ” J’ai peur “ Dès l’automne 2020, Jonathan Emond aurait aussi attaqué un autre collègue, Michel Lessard. Insultes, menaces, brimades à caractère sexuel, M. Lessard affirme avoir vécu l’enfer jusqu’à ce qu’il craque dans le bureau d’un cadre. “J’ai peur. Même si je suis un homme de 57 ans, puis 5 pieds 10 pouces, puis 200 livres, j’ai toujours peur”, nous dit-il. Messieurs Simard et Lessard témoignent ouvertement malgré la crainte de représailles car ils disent ne plus faire confiance à leur employeur. Quatre autres employés ont confirmé à notre Bureau des enquêtes qu’ils étaient au courant d’actes d’intimidation commis par M. Emond. “En premier lieu, ils l’auraient mis à la porte si c’était privé. Ici, nous tolérons l’agression », explique le contremaître Dave Potvin. Le maire doute La Ville de Mont-Royal a commandé une enquête externe à l’été 2021. Elle nous dit avoir pris des sanctions contre son employé, mais refuse de dire lesquelles, réclamant la confidentialité des dossiers des employés. Le maire Peter J. Malouf, joint par téléphone, a déclaré qu’il laisserait son administration gérer le dossier. « Je connais les gars. Ensuite, parce que je connais des gars, je sais comment des gars peuvent se plaindre sans raison ou être motivés », a-t-il commenté. Jonathan Emond est en probation depuis 18 mois depuis qu’un juge lui a interdit de s’approcher d’Éric Simard. Cette épreuve terminée, il pourra bientôt retourner sur son lieu de travail. Il a décliné notre demande d’entretien. La Ville a également refusé de nous dire si des mesures seront prises pour le remettre au travail. “La ville s’en fout […] de peser tous les facteurs pertinents avant de prendre la décision qu’il juge la plus appropriée », a déclaré le porte-parole Alain Côté. – Avec la collaboration de Ian Gemme Éric Simard Magasinier « Je suis revenu en 1994 et j’ai obtenu ce poste en 2013. J’ai attendu longtemps avant d’obtenir ce poste. C’est le seul et unique travail que j’ai toujours voulu. Chaque matin, j’étais heureux de faire ce travail que j’aimais. […] Depuis, ma vie est un enfer. Je ne suis pas heureux. Arriver ici est un cauchemar. » Michel Lessard Col Bleu “Tout est sorti. J’ai commencé à pleurer. Je ne pouvais pas m’arrêter. […] Les deux boss sont sortis. Ils m’ont demandé ce que j’avais […] Je leur ai expliqué. Cela ne peut plus durer. Il est toujours après moi. Je ne supporte plus. »

Le délégué syndical réserve sa promotion

Alors que Jonathan Emmett se retrouve chez lui en période d’essai qui lui interdit d’approcher un collègue, son délégué syndical tente de l’empêcher d’obtenir une promotion. Au cours des dernières semaines, la ville de Mont-Royal a placé un poste d’ingénieur en chef que plusieurs travailleurs pourraient souhaiter. Cependant, un représentant du Syndicat des Cols bleus réuni à Montréal a précisé à tous que le poste était réservé à M. Emond. “Je voudrais par solidarité persinne (sic) ne pas postuler (sic) retour de poste (sic) à JONATHAN merci”, a notamment écrit le représentant Robert Babajko sur la page Facebook du syndicat local. Joint au téléphone, M. Babajko a déclaré avoir “repris” son poste, qui ne regroupe pas tous les employés, car M. Emond aurait les compétences nécessaires pour le poste. Un lieu qui “lui appartient” “Selon la convention collective, le poste appartient à M. […] Dans mes fonctions syndicales, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour donner à M. ce qui lui est dû », nous a-t-il dit. Toutefois, M. Babajko n’a pas répondu clairement à notre question sur la raison pour laquelle il devait intervenir de cette façon dans un processus pourtant bien encadré selon les capacités et l’ancienneté des candidats. Le SCFP 301 a déclaré qu’il s’agissait d’une initiative “personnelle” de M. Babajko et non d’une position syndicale officielle. “Tous les membres du syndicat ont le droit d’être entendus et représentés. […] Il va sans dire que le 301 condamne toute forme de harcèlement », a déclaré Luc Bisson, président du SCFP 301. contestation Le syndicat a également déposé un grief pour contester la sévérité des sanctions imposées à M. Emond en lien avec deux cas de harcèlement, nous a confirmé la Ville. Rappelons que le 301 se remet d’un encadrement mis en place de 2017 à 2020 en raison de problèmes de climat de travail et de dysfonctionnement interne.

Le syndicat craint d’autres cas similaires

Jonathan Emond ne serait pas le seul cas d’intimidation à Mont-Royal, craint l’Association des exécutifs municipaux de Montréal, qui lance sa propre enquête de peur que la situation ne dégénère. Des employés de la Ville ont fait part à notre Bureau d’enquêtes de relations tendues et même d’un climat de peur entre certains employés et d’autres employés, comme des gestionnaires et des employés. « Il y a quelque chose de toxique. La Ville s’arrange toujours pour la balayer sous le tapis pour ne pas avoir une mauvaise image », nous confie un cadre sous couvert d’anonymat. “Emond n’est pas le seul cas. La direction de l’agence est au courant mais ne fait rien », explique un autre responsable. Le contremaître Dave Potvin affirme avoir téléphoné à quelques reprises au maire Malouf pour l’informer du climat malsain chez les cols bleus. Ce dernier lui aurait dit vouloir laisser son administration gérer la situation. La situation inquiète le Syndicat des officiers municipaux de Montréal. «Nous réalisons que c’est plus grand que nous ne le pensions. Ce n’est pas qu’une seule personne, évidemment il y a beaucoup de monde. Nous allons agir”, a déclaré le porte-parole Patrick Dubois. Il donne l’exemple du suicide en 2012 d’un employé du Service des incendies de Montréal (SIM), Stéphane Archambault, notamment en raison de l’environnement de travail toxique. “Nous ne voulons pas y aller. […] Nous devons protéger notre monde. » Après avoir initialement indiqué qu’elle n’était pas au courant, la Ville de Mont-Royal nous a écrit qu’elle « s’assurera d’enquêter de manière proactive sur la situation ». Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.