Alors que l’afflux de badauds autour du périmètre de sécurité protégeant le lieu du sinistre s’était atténué, l’affluence s’est de nouveau manifestée mardi après-midi lorsque plusieurs camions de pompiers se sont posés rue Pierre-Mauroy. Juchés sur leur échelle, deux pionniers inspectaient la façade d’un immeuble situé à quelques mètres de ce qui reste des immeubles effondrés. “Ça a décollé comme une traînée de poudre, un homme a dit qu’il y avait une fissure dans la façade et le bouche à oreille en a rapidement fait un immeuble en danger de s’effondrer”, a expliqué un employé de l’hôtel Carlton à 20 Minutes. Et si la fissure est là, elle peut paraître impressionnante, elle ne date pas d’hier. Intrigué, un ancien marchand ambulant a voulu en être sûr : “En revenant aux photos de Google Street View, on voit facilement que cette fissure est là depuis au moins 2008”, raconte-t-il. Selon le SDIS 59, contacté par 20 Minutes, un témoin à distance avait déjà été déployé pour suivre son évolution.

Les inspecteurs de la santé dévastés après le drame

Le jour de l’accident et le lendemain, les pompiers ont été appelés à plusieurs reprises “par des personnes inquiètes”, a précisé un porte-parole du SDIS du Nord. Pourtant, depuis l’accident, il n’a compté que deux “levées de doutes” dans ce contexte. Un mentionné ci-dessus et un autre sur le magasin de tissus Toto, plus tôt dans la semaine. « Les gouttières brisées, les fissures et même les morceaux de mur qui tombent sont partout, il suffit de lever les yeux. Mais avant l’effondrement, personne ne s’en souciait”, admet un commerçant du secteur. Qu’en est-il du Service Municipal d’Assainissement et de Santé – Habitat Indigne, chargé de recevoir et d’instruire les plaintes d’insalubrité déposées par les locataires ? “Il est littéralement inondé d’appels depuis samedi. Il y a un mouvement d’inquiétude semblable à celui qui a suivi l’effondrement d’un immeuble à Fives, en 2014, qui avait coûté la vie à deux personnes”, confirme Mélissa Menet, directrice de cabinet de Martine Aubry. Alors que le nombre de dossiers traités chaque année dépasse généralement le millier, il devrait gonfler en conséquence : “Chaque signalement est pris au sérieux, mais, cependant, aucun nouveau signalement n’a encore abouti à une ordonnance de mise en péril”, poursuit-elle.

“La ville ne s’effondre pas”

Cependant, ce n’est toujours pas l’agitation des magasins, du moins pour certains. Au restaurant Pot Beaujolais, près du périmètre de sécurité, nous déplorons quelques annulations de réservations par des clients qui ont peur de dîner à proximité du lieu de l’incident. En face, à l’hôtel Carlton, ce scénario ne se présente pas, “il y a juste de la curiosité de la part des habitués”, confie à 20 Minutes un employé à la réception. La boutique pour enfants Pareil au meme a aussi des clients curieux, d’autant plus que le périmètre interdit s’arrête juste à sa porte : “Ils nous posent des questions, notamment sur notre état d’esprit. Ils ne sont pas inquiets et nous non plus, si nous avons été autorisés à rouvrir, c’est parce que nous sommes en sécurité », a déclaré une vendeuse. “S’il y a un message à faire passer, c’est que la ville ne s’effondre pas, mais qu’il faut rester vigilant”, insiste le directeur de cabinet du maire. Vigilance des locataires, riverains et surtout propriétaires : “Ils doivent prendre leurs responsabilités et entretenir leur bien, quitte à se faire escorter par la ville”, souligne Melissa Mene, exprimant notre regret de ne pas nous intéresser à ces questions uniquement lorsqu’un le drame se produit.