Au bureau de vote de la rue Bossuet à Paris, Anne, 53 ans, n’a pas hésité une minute. Ardent supporter d’Emmanuel Macron, cet habitant du Xe arrondissement a logiquement choisi Elise Fajgeles, la candidate locale de La République en marche. Le message est clair : “Seul le programme de Macron est capable d’élever la France, tandis que celui de La France insoumise est complètement irréaliste et conduit le pays à la faillite. La perspective d’une sortie du nucléaire, notamment, inquiète ce directeur commercial au chômage. “Alors j’ai voté pour le candidat de Macron, sachant qu’ici, ça ne sert à rien, vu les résultats du premier tour. » Dans cette 5e circonscription de Paris, le chef des écologistes Julien Bayou, investi par Noupe, a failli être élu au premier tour, où il a recueilli 48,88 % des suffrages. Contre lui, Elise Fajgeles n’a recueilli que 29,75% des suffrages. Julien Bayou avait déjà tenté de remporter cette circonscription aux élections législatives de 2017. Il n’avait alors pas passé le premier tour. Au second tour, Benjamin Grivo (LRM) a été élu, face à un candidat socialiste. Quatre ans plus tard, en 2021, M. Griveaux annonce sa retraite de la vie politique à la suite du krach de sa campagne aux élections municipales de Paris. Depuis lors, la circonscription ne compte plus de député. Ce dimanche, Julien Bayou prépare les élections sans difficulté, malgré la faible participation. “J’ai toujours voté à gauche et je n’ai pas changé aujourd’hui”, a déclaré Djaffar Hamouchene, un technicien de maintenance de 55 ans qui s’oppose fermement au report de l’âge de la retraite. Lucas, un photographe, a également voté pour Bayou. “Pas par conviction mais par pragmatisme”, précise-t-il. Il préférerait un candidat de gauche, LFI. Vivant dans un milieu très aisé, il est rebelle aux inégalités. “Ma fille, qui travaille dans la finance, touche 4 600 euros nets par mois, elle vient d’avoir une augmentation de 15 % et une prime de 17 000 euros. C’est au-delà de l’entendement ! Quand je vois cela, je me demande : où est le partage ? C’est pourquoi il a tenu à revenir de sa résidence secondaire du Limousin pour voter ici, dans cette circonscription populaire de Paris. Leïla, institutrice de 53 ans, a également souhaité envoyer une députée de Noupes à l’Assemblée, “pour qu’il y ait un peu d’équilibre”, dit-elle. “Je ne suis pas un grand fan de Mélenchon”, a-t-il ajouté. Il a un discours très populiste à mon goût. Mais cela ne fait qu’unir la gauche, n’est-ce pas ? » Denis Cosnard