LÉGISLATIF – Avec la question et Perhorada, la présidence de la Commission économique est l’un des postes les plus convoités de l’Assemblée nationale. Et ce n’est pas une surprise pour les derniers, dévoués à l’opposition, qui tournent les yeux et grattent, ce lundi 20 juin, au lendemain du second tour des législatives. Le Rassemblement national, deuxième parti de la chambre basse avec 89 députés, a été le premier à tirer, notamment par l’intermédiaire du député nouvellement élu et représentant du RN de l’Oise, Philippe Ballard. “Nous sommes le premier parti de France” et “le premier parti d’opposition, donc la commission des finances dépend de nous”, a-t-il déclaré à franceinfo. Interrogé ce matin sur BFMTV, Marin Lepen a également participé, affirmant lui aussi briguer la vice-présidence AN pour le RN. L’ardeur des ambitions du RN dépend des privilèges accordés par le comité. L’un des plus puissants de l’AN, il contrôle directement le budget et la gestion des finances de l’État. Il peut lever le secret fiscal d’une entreprise, auditionner le ministre de l’Economie, donner son avis sur la sélection du gouverneur de la Banque de France ou encore avoir accès à certaines informations en amont. “En retour, son président pourrait donner à sa famille politique un aperçu utile de la perspective du prochain cycle électoral”, estime Philippe Askenazy, économiste au Centre Maurice-Halbwachs.
Opposition dans la controverse
Alors que comprend-on pourquoi les Noupes – et plus précisément les 72 députés LFI – n’ont pas l’intention de moucher le successeur d’Eric Worth sans rien dire. L’élue Insoumise Clémentine Autain, réélue en Seine-Saint-Denis, a immédiatement répondu à Marc Fesneau. Sur franceinfo, ce lundi, le ministre de l’Agriculture (ancien ministre des Relations avec le Parlement) a affirmé que “constitutionnellement, c’est le premier groupe de l’opposition” qui devrait prendre la tête de la commission des Finances. Une analyse contestée par la NUPES. “Ce n’est pas le plus grand groupe d’opposition, mais le candidat qui reçoit le plus de voix, les députés de la majorité ne votant pas. “La NUPES est donc le meilleur endroit”, a déclaré Clémentine Autain. Rien de constitutionnel ! Le tout issu du règlement d’AN. Et ce n’est pas la +grosse opposition mais la candidature qui recueille le plus de voix, les députés de la majorité ne votent pas. #Nupes est donc le meilleur endroit. A quoi jouez-vous en choisissant RN ? https://t.co/uIOSnkPmXc — Clémentine Autain (@Clem_Autain) 20 juin 2022 Alors qui dit la vérité ? Sans trace de règles précises sur la commission des finances dans la Constitution, en revanche, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale stipule que : se déclarer dans l’opposition”. Cependant, ce n’est pas une équipe. Selon la coutume et la tradition, le poste revient au groupe d’opposition le plus important. Une ambiguïté reconnue à demi-mots par la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, qui a déclaré à France Inter que le poste “devrait revenir constitutionnellement à un groupe d’opposition” mais qu’”il n’y a aucune certitude quand on lit la Constitution”.
De la règle tacite à la stratégie
La NUPES et le RN devraient en tout cas s’appuyer sur une règle : les commissions sont constituées pour représenter le rapport de force au sein de l’hémicycle, et dans une autre tradition : lors du vote de la présidence sur les Finances, la majorité ne prend pas part au vote. La Macronie choisira-t-elle d’honorer cette tradition ? La solution pour la nouvelle alliance à gauche serait probablement de nommer à ce poste un élu qui ne soit pas de France Insoumise pour conserver provisoirement la majorité – le nom de la socialiste Valérie Rabault a notamment été évoqué. La deuxième issue pourrait être simplement de former un groupe unique pour peser le RN. Une révolution politique aux lourdes conséquences, qui relève pour l’instant plus d’un vœu pieux que d’une vision réaliste de solubilité entre PS, PCF, EELV et LFI. À lire aussi : Le HuffPost : demande l’augmentation des démissions d’Elizabeth Bourne après les législatives