Ces commissions d’études sont des structures interpartisales, “des espaces irremplaçables de débats et d’échanges” qui permettent aux députés d’approfondir et de suivre des questions précises”, assurant notamment “une veille juridique et technique”, résume l’Assemblée nationale. Cependant, la légitimité du parti en feu à capter ces questions est discutable, compte tenu de l’histoire du mouvement. Jean-Marie Le Pen, le co-fondateur du Front national (FN), devenu Rassemblement national en 2018, a été condamné par exemple pour « incitation à la haine », « contestation d’un crime contre l’humanité » ou encore « injure raciale publique » . Beaucoup se souviennent encore de son discours de 1987, lorsqu’il affirmait que les chambres à gaz étaient un « point de détail dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Sorties “sérophobes”

Si c’est surtout l’arrivée du RN à la tête du groupe sur l’antisémitisme qui a fait l’objet de discussions ce mercredi, la députée écologiste Sandrine Rousseau a néanmoins rappelé les positions de Jean-Marie Le Pen sur le sida, montrant que ce dernier ” s’est prononcé pour placer “siadaïques” dans “(sidatoria)”. AIDES, le principal syndicat de lutte contre le sida, a répertorié sur son site Internet de nombreuses interventions de responsables de l’éducation d’extrême droite pour dénoncer la “violence” de son discours “anti-VIH”. Lire la suite Des positions datant de l’ère FN et de l’ère “homophobe” “trouvent encore aujourd’hui des ramifications très douloureuses dans le parti dirigé par (…) Marine Le Pen”, écrit le lien.

“Sidaiques” et “sidatoria”

Pour se souvenir de ces prises de position sur la maladie que AIDES dénonce, il faut remonter dans le temps. Le 6 mai 1987, Jean-Marie Le Pen est invité à L’Heure de Vérité. Le président du Front national qualifie les personnes atteintes du sida de « sydiaques ». “Un néologisme qui n’est pas très joli”, admet l’extrême droite avant de développer : “Le malade du SIDA est contagieux par sa sueur, ses larmes, sa salive, son contact. C’est une sorte de lèpre si vous voulez.” Jean-Marie Le Pen appelle à la création d’un “sidatorium”. Lequel serait “des centre(s) spécialisé(s) avec des règles d’hygiène strictes”, précise-t-il.

Pour le FN, SIDA équivaut à “Socialisme Immigration Drug Business”

En mars 1990, Jean-Marie Le Pen disait : “La voie du déclin dans laquelle la France s’est engagée (…) peut se résumer dans une formule qui serait celle du sida politique, dont les initiales signifieraient migration vers le socialisme, la drogue et le business.” Ce slogan se retrouve sur les affiches du Rassemblement national où l’on retrouve également le logo du Parti socialiste, avec, à la place de la rose, un ballon de trèfle. Jean-Marie Le Pen explique sa stratégie à l’Assemblée nationale le 7 décembre 1990. “Des campagnes d’incendie basées sur le signe du sida seront menées partout”, dit-il. “Cet acronyme signifie : S pour socialistes, dépensiers et destructeurs, I pour immigration du tiers-monde, D pour délinquance, désordre, décadence, A pour business, car les scandales politiques et financiers sont devenus le pain quotidien honteux du système.” L’affaire se termine au tribunal. Le 23 mai 1991, le Tribunal de Lyon interdit cette affiche et condamne ce slogan. Selon les juges, “l’utilisation du terme sida pour stigmatiser l’immigration, qui représenterait un risque aussi grave que la maladie, porte une atteinte intolérable à la dignité des malades”. Ces derniers “ont droit au respect et à la solidarité”. De plus, c’est une “atteinte intolérable à la dignité des populations migrantes”.

Quand Marine Le Pen impute ‘500 000 séropositifs’ au socialisme

Aux élections législatives de 1993, Marine Le Pen est candidate FN dans le 16e arrondissement de Paris (17e arrondissement). Son affiche de campagne indique “ASSEZ DE SOCIALISME”. Plusieurs chiffres sont alors attribués au parti rose, dont “500.000 séropositifs”. Des données inexactes selon Aides. “Les estimations les plus élevées n’ont jamais dépassé 200 000 personnes”, précise l’association.

“Paroles de trente et quarante ans”

Contacté par BFMTV.com, Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée nationale et chargé des commissions d’études, pointe des “commentaires des 30-40 ans” auxquels il “ne se sent pas lié”. “Je ne les soutiens pas”, dit-il. L’élu d’extrême droite dénonce “l’instrumentalisation politique” et met l’accent sur “les groupes interpartis constitués d’élus de tous bords”. “Les gens pensent que les élus ne sont pas légitimes pour traiter certains dossiers, ils ont tort”, se défend-il. “Mettre en justice des élus légitimes, après qu’ils ont été élus par le peuple français, ce n’est pas ma conception de la démocratie.” L’article original a été publié sur BFMTV.com VIDÉO – Journée mondiale de lutte contre le sida – Clic – David : “J’ai été infecté par le VIH après un contact bucco-génital”