De l’air sérieux de celui qui pèse surtout ses mots, le président de la Conférence épiscopale de France, Eric de Moulins-Beaufort, avait, mardi 8 novembre, lancé un appel : que tous ceux « d’entre nous (…) sont coupables de actes de ce genre pour le faire savoir », a-t-il déclaré. Par « actes de ce genre », l’homme d’Église entendait les agressions sexuelles et les violences de toutes sortes commises par les prêtres sur leurs ouailles. Comme l’a reconnu Eric de Moulins-Beaufort à l’occasion de la réunion des hiérarques de l’Église de France à Lourdes (Hautes-Pyrénées), onze anciens évêques ont été impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans des affaires de comportements sexuels. la violence. Si, parmi les intéressés, huit étaient connus, trois noms sont restés secrets. L’une d’entre elles vient d’être révélée mercredi 16 novembre.
Le plaidoyer d’Eric de Moulins-Beaufort a probablement été entendu par Jean-Pierre Grallet, archevêque émérite de Strasbourg, qui, dans une lettre, a reconnu l’agression sexuelle. “À la fin des années 1980, alors que j’étais religieux franciscain, j’ai fait des gestes inappropriés envers une jeune femme adulte, comportement que je regrette profondément”, écrit-il.
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L’ancien archevêque admet qu’un signalement a été fait à la justice et qu’une enquête régulière est menée contre lui. Ce qui relativise la possible spontanéité d’un tel aveu. L’homme indique bien quelques mots plus loin qu’il voulait “contribuer au processus de vérité” et “prendre” sa “responsabilité”. Et d’ajouter : “Je me suis perdu et j’ai blessé une personne. Le pardon que j’ai demandé, je l’exprime également à tous ses proches, ainsi qu’à tous ceux qui, aujourd’hui, seront meurtris sous le choc de cette révélation. »
tableau sombre
Dans un communiqué publié dans les actes, l’actuel archevêque de Strasbourg, Luc Ravel, a indiqué le “vrai chagrin” et la “grande tristesse” avec lesquels cette confession a été reçue dans le diocèse. Pour lui, il s’agit de « faits graves » qui lui ont été signalés par la victime elle-même en décembre 2021. Elle a ensuite été signalée au parquet de Strasbourg en janvier dernier. Mercredi après-midi, il a annoncé l’ouverture d’une enquête pénale. De son côté, Eric de Moulins-Beaufort a exprimé sa “sympathie pour la personne qui a été victime de ce comportement grave de la part d’un religieux devenu plus tard évêque”.
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Ainsi, l’affaire vient encore assombrir un tableau particulièrement sombre dans l’Église de France en matière de violences sexuelles. Un an après les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, qui ont recensé un nombre vertigineux de victimes, les fidèles et le grand public découvrent que les viols et autres agressions peuvent aussi être l’œuvre de prêtres qui sont alors sollicités pour recevoir le gallon à la fondation. Jean-Pierre Grallet, archevêque émérite, se dénonce quelques jours après Jean-Pierre Ricard, de la part du cardinal.
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