Les corridas ont-elles leur place dans le panorama culturel français ? Pour l’ancien journaliste et actuel député LFI Aymeric Caron, engagé pour la cause animale, la réponse est non. L’élu parisien veut porter un coup à cette pratique en modifiant le Code pénal qui réprime déjà la maltraitance animale, mais dont les dispositions de l’article 521-1 “ne s’appliquent pas aux corridas lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée”. Dans ce projet de loi qui sera débattu le 24 novembre à l’Assemblée, les Insoumes n’ont pas voulu intégrer l’interdiction des combats de coqs populaires dans le nord de la France afin de centrer le débat sur les corridas. Une discipline qu’il décrit comme “la torture et la mort” du taureau. En attendant, le projet de loi d’Aymeric Caron visant à interdire la tauromachie sera examiné par la commission des lois de l’Assemblée ce mercredi 16 novembre.
La Renaissance divisée par les corridas
La question a toujours été clivante en politique, mais comme l’explique la fondation Brigitte Bardot à Dépêche du Midi, la proposition risque d’embarrasser la majorité présidentielle. En juillet 2021, alors qu’elle n’était pas encore présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, la députée Aurore Bergé avait signé une tribune pour interdire la tauromachie, une pratique jugée “barbare”. Et si les députés Renaissance ne devaient pas avoir de consignes de vote, selon la fondation “ils seront majoritaires pour voter la loi”. Dans le camp adverse, les toreros peuvent compter sur les poids lourds de la majorité pour soutenir leur cause. Éric Dupond Moretti, Marc Fesneau, Geneviève Darrieussecq… Trois ministres qui sont ouverts sur la tauromachie et ne s’en cachent pas, au grand dam des liens. Ces derniers dénoncent l’influence du pouvoir exécutif dans le débat parlementaire, notamment après l’intervention du ministre de l’Agriculture sur le sujet dans les médias le 8 novembre. “Cela fait partie des traditions culturelles françaises”, a notamment plaidé Marc Fesneau devant Public Sénat en évoquant la tauromachie. “C’est une rencontre pour beaucoup de monde, très populaire et imprégnée de beaucoup de cultures locales. En ce moment que nous traversons, essayons de nous écouter. On ne peut pas dire en même temps, il faut respecter les cultures , la diversité de chacun et pour un tel sujet, ne les respecte pas. Je pense que ce texte n’est pas approprié », a martelé le ministre de l’Agriculture, également passionné de chasse.
Journée historique contre la tauromachie
Éric Dupond-Moretti est un habitué des arènes et n’a jamais caché son amour pour la tauromachie. Des rumeurs de couloir laissent entendre que le ministre de la Justice lui-même souhaiterait représenter le gouvernement lors des discussions pour défendre cette tradition. Cependant, l’exécutif envisagera un profil moins clivant pour aplanir les choses sur une question qui divise l’équipe de Renaissance. “Nous sommes préoccupés par la pression que certains ministres exercent sur les députés”, confie la fondation Brigitte Bardot. “Mais bon nombre d’entre eux tiendront bon et iront au conflit si nécessaire.” Le projet de loi est inscrit au calendrier des sièges parlementaires LFI – jour réservé à une formation d’opposition du demi-cercle – à partir du 24 novembre. C’est la première fois que la question peut potentiellement être débattue à l’Assemblée. C’est donc une journée historique pour la tauromachie. Mais ils ont une crainte : la place du texte dans la liste des sujets abordés lors de ce billet. “Il est actuellement à la 4e place”, explique la Fondation Brigitte Bardot à La Dépêche, “mais nous allons intervenir dans les Nupes pour le faire figurer sur la liste car il doit être discuté avant minuit.” Un débat qui pourrait tirer des nœuds coulants le 24 novembre en demi-finale car la lutte risque d’être rude dans l’arène…