• À lire aussi : Réseau paralysé comme jamais : difficile de se faire soigner partout au Québec • A lire aussi : Trop d’urgences : ‘la composition du comité me fait douter’, dit l’infirmière “C’est injuste et ce n’est pas normal qu’une personne sur deux coule”, déplore Loriane Gaul-Dorion, 23 ans, chef de classe qui a fait trois ans de cégep avec une moyenne de 85 %. Elles font partie de la cohorte d’infirmières qui ont passé les examens professionnels de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) à la fin septembre 2022. Le taux de réussite a été famélique, un peu plus de 51 %. Sans réussir cet examen, qui coûte plus de 600 $, elles ne peuvent exercer comme infirmière. Ces nombreux revers surviennent alors que le Québec fait face à une pénurie massive de personnel, l’obligeant à couper de nombreux services hospitaliers.

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De 96% à 51% Au cours des trois dernières années, le taux de réussite à cet examen a diminué. Après avoir culminé à 96 % en septembre 2020, les résultats se sont dégradés tous les six mois. “Ça ne reflète pas la réalité du sol, ni ce qu’on apprend à l’école […] Ça me fait chier, je n’ai jamais fait une seule marche”, raconte Josiane Georges, qui fond en larmes en évoquant son échec. Image gentille Joël Girard La mère de 40 ans a passé des dizaines d’heures par jour à étudier pour l’examen, payant même une formation supplémentaire et prenant une pause dans son travail à l’hôpital pour maximiser ses chances de réussite. Mais il n’a obtenu que 52%… et a besoin de 55% pour réussir. Joëlle Girard, 22 ans, a lancé une pétition en ligne après avoir omis de signaler la situation. Plus de 3400 personnes l’ont déjà signé. “On n’est pas dangereux, on sait ce qu’on fait”, poursuit l’étudiant de Sorel-Tracy, ajoutant que tous les candidats à l’examen ont réussi leurs études dans le passé et travaillent déjà dans les hôpitaux, sous supervision. Nalie Rouillard souligne que l’examen des situations à choix multiples est « trop abstrait ». “Toutes les réponses sont correctes, mais il faut choisir la meilleure des bonnes réponses”, explique-t-il. « Nous avons un diplôme, nous travaillons presque à plein temps à l’hôpital, mais les examens nous ont mis des bâtons dans les roues. C’est décevant”, poursuit-il. La directrice des admissions et secrétaire de l’OIIQ, Chantal Lemay, assure que les examens de septembre ont suivi la même formule que les années précédentes. Son contenu est validé par les enseignants et les infirmières, précise-t-elle. L’Ordre ne s’offusque pas qu’une future infirmière sur deux y échoue. Cependant, Mme Lemay explique que cette cohorte, dont les études ont débuté en 2019, a été la plus touchée par la pandémie et les cours en ligne. “Notre intention n’est pas de délivrer une licence à quelqu’un qui n’est pas prêt à travailler de manière autonome”, dit-elle, encourageant les futures infirmières à continuer d’acquérir de l’expérience dans le domaine et à poser des questions. Cependant, il reconnaît que “le soutien n’est peut-être pas nécessairement là” dans les hôpitaux, où ils peuvent travailler sous supervision, en raison de la grave pénurie de main-d’œuvre actuelle. Selon l’OIIQ, les étudiantes du baccalauréat réussissent mieux que les étudiantes du collégial. “Vu la volonté de l’Ordre de rendre le baccalauréat obligatoire [pour les futures infirmières]on l’observe avec méfiance », commente Yves de Repentigny, de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec. Taux de réussite au cours des dernières années à l’examen professionnel de l’OIIQ, après une première tentative

Septembre 2018 : 77 % Mars 2019 : 73 % Septembre 2019 : 91 % 12 septembre 2020 : 89 % 19 septembre 2020 : 96 % 27 mars 2021 : 80 % 18 septembre 2021 : 81 % 28 mars 2022 : 71 % 26 septembre 2022 : 51,4 %

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