“Les actes terroristes visent un État de la société dont la cour fait partie. Il est donc inévitable que vous vous placiez en instrument de lutte dans ce qui a été présenté comme une guerre. Vous, les juges, êtes impliqués dans la détermination de la réponse qui sera donnée à cet acte. En d’autres termes, vous faites partie de la réponse. Dans un tel contexte, quelle est votre marge ? Quelle liberté de jugement peut-on attendre de vous qui participerez au débat ? Face au terrorisme, il y a une chose qui nous concerne tous : savoir comment on réagit face à la peur. C’est au fond, pour chacun de nous, le seul lieu de liberté. Et cette question, vous pourriez peut-être la poser au moment de l’examen des éléments de preuve contre l’Accusé. Comment réagissez-vous à la peur ? » Au début de son plaidoyer mardi 21 juin, l’un des plus marquants en une semaine à la barre des attentats du 13 novembre, Me Orly Rezlan mesure l’ampleur de sa mission : comment faire prévaloir la loi face à l’immensité du crime jugé ? Comment demander une peine « juste » pour un accusé, Mohamed Bakcali, dont l’implication dans la logistique des attentats, les plus meurtriers qui aient frappé la France, n’est pas contestée ? Comment convaincre le jury spécial de Paris de le considérer comme “justifié” et non comme “ennemi” ? Comment éviter une « condamnation à mort » pour ce « surveillant de la terreur », comme l’a surnommé le procureur, qui a requis la réclusion à perpétuité contre lui ? Lire aussi Article destiné à nos abonnés Dans le procès des attentats du 13 novembre, le silence inattendu de Mohamed Bakkali : « Ce n’est pas un caprice, je n’en peux plus »
Comment, surtout, porter la voix d’un homme qui avait été assommé au début du procès avant de se taire pendant de longs mois, convaincu, avait-il dit, que sa sincérité serait sans cesse remise en question ? “Buckley ne s’est pas expliqué, n’a pas aidé à définir son rôle. Je ne deviendrai pas croyant dans les déclarations qu’il n’a pas faites, mais je clarifierai sa position sur les faits et j’essaierai de devenir un pont entre lui et vous », poursuit Me Rezlan de sa voix raffinée, monotone, nasillarde et planante. .

Le sommet de l’iceberg “

Oui, Mohamed Bakkali a loué des appartements en Belgique qui serviront à loger les commandos envoyés de Syrie. Oui, il a loué des voitures. Oui, il a accompagné les trois kamikazes du Bataclan dans l’une de ces planques à leur arrivée à Bruxelles. Mais son implication dans ces actes préparatoires s’est arrêtée, dit-elle, bien avant le début effectif de la mise en œuvre de l’opération. Mohamed Bakkali n’a jamais été invité à se préparer “immédiatement” aux attaques, comme la location de voitures et les cachettes utilisées par les assaillants dans la nuit du 13 novembre. Il ne vous reste plus qu’à lire 68,52% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.