Publié à 7h30
Benoît FINCK à Kiev et Anna MALPAS à Lyssytchansk Agence France-Presse
« Nos unités ont repoussé l’assaut dans la région de Toshkivka », a déclaré l’armée ukrainienne sur Facebook. « L’ennemi a battu en retraite et se regroupe. » Le gouverneur local, Serguiï Gaïdaï, a qualifié de « mensonges » l’idée selon laquelle les Russes contrôlaient la localité stratégique de Sievierodonetsk. « En effet, ils contrôlent la majorité de la ville, mais ils ne la contrôlent pas entièrement », a-t-il déclaré sur Telegram. De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé dimanche que « l’offensive contre Sievierodonetsk se déroule avec succès ». « Des unités de la milice populaire de la République populaire de Louhansk, soutenues par les forces armées russes, ont libéré la localité de Metolkine », au sud-est de Sievierodonetsk. Alors que l’Ukraine affiche sa détermination à combattre jusqu’au bout, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a averti que les pays occidentaux devaient être prêts à offrir un soutien à long terme à Kyiv pendant une guerre acharnée. La guerre pourrait durer « des années », a-t-il mis en garde dans une interview publiée dimanche par le quotidien allemand Bild, en exhortant les pays occidentaux à inscrire leur soutien à Kyiv dans la durée. Photo YVES HERMAN, REUTERS « Nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l’Ukraine, même si les coûts sont élevés, pas seulement en ce qui concerne le soutien militaire, mais aussi en raison des prix de l’énergie et de l’alimentation qui montent », a dit le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg. « Nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l’Ukraine, même si les coûts sont élevés, pas seulement en ce qui concerne le soutien militaire, mais aussi en raison des prix de l’énergie et de l’alimentation qui montent », a dit le chef de l’OTAN.
« Tout reprendre »
Les forces russes concentrent leur puissance de feu sur l’est et le sud de l’Ukraine ces dernières semaines depuis l’échec de leur tentative de prendre la capitale Kyiv après l’invasion éclair du 24 février. « Les pertes sont importantes. De nombreuses maisons ont été détruites, la logistique civile a été perturbée, il y a de nombreux problèmes sociaux », a concédé Volodymyr Zelensky, qui s’est rendu sur le front sud. Il a assuré dimanche que ses troupes avaient conservé le moral et « qu’aucun ne doute » de la victoire. Durant cette rare visite en dehors de Kyiv, où il s’est barricadé au début du conflit quand la capitale était menacée par l’armée russe, M. Zelensky s’est déplacé dans la ville de Mykolaïv près de la mer Noire, rendant visite aux troupes stationnées à proximité et dans la région voisine d’Odessa. « Nous ne donnerons le Sud à personne, nous allons tout reprendre, et la mer sera ukrainienne, elle sera sûre », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Telegram alors qu’il rentrait à Kyiv.
« Envie de vivre »
« Nous allons définitivement reconstruire tout ce qui a été détruit. La Russie n’a pas autant de missiles que notre peuple a envie de vivre », a-t-il ajouté. M. Zelensky a remercié les soldats, qui contiennent la poussée des troupes russes, soutenues à l’est depuis la Crimée annexée, pour leur « service héroïque ». « Il est important que vous soyez vivants. Tant que vous êtes vivants, il y a un mur ukrainien solide qui protège notre pays », leur a-t-il dit. Photo fournie par l’agence de presse présidentielle russe, via Agence France-Presse Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une visite dans le sud du pays, à Mykolaïv. Une vidéo, diffusée par la présidence, l’a montré à Mykolaïv avec le gouverneur local, Vitaliy Kim, devant la façade béante du siège de l’administration régionale, touché par une frappe russe en mars qui avait fait 37 morts. Cette ville portuaire et industrielle de près d’un demi-million d’habitants avant la guerre est toujours sous contrôle ukrainien, mais elle est proche de la région de Kherson, presque entièrement occupée par les Russes. Une frappe russe y a fait deux morts et 20 blessés vendredi. Elle reste une cible de Moscou, car elle se trouve sur la route d’Odessa, le plus grand port d’Ukraine, à 130 km au sud-ouest près de la Moldavie, elle aussi toujours sous contrôle ukrainien et au centre des discussions sur l’exportation bloquée des millions de tonnes de céréales ukrainiennes. La Russie, qui contrôle cette zone de la mer Noire malgré les tirs de missiles ukrainiens contre ses navires, explique que les eaux sont minées. Bloqués par la Russie, les habitants d’Odessa tentent de participer à l’effort de guerre comme ils le peuvent. « Tous les jours, y compris le week-end, je viens confectionner des filets de camouflage pour l’armée », raconte Natalia Pinchenkova, 49 ans. À Mykolaïv, des soldats ukrainiens essayent tant bien que mal de maintenir leurs routines d’avant-guerre, l’un d’eux affirmant qu’il n’abandonnerait pas son régime végan alors qu’il est en première ligne du front. Oleksandr Zhuhan a déclaré avoir reçu un colis d’un réseau de volontaires pour maintenir son alimentation. « Il y avait du pâté et des saucisses végans, du houmous, du lait de soja […] et tout ça gratuitement », s’est réjoui le professeur de théâtre de 37 ans.
« Se préparer au pire »
Dans la région du Donbass (est), des combats acharnés font notamment rage près de Sievierodonetsk, partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont la Russie, après avoir échoué à prendre Kyiv dans les premières semaines de son offensive, s’est fixé pour objectif de prendre le contrôle total. « Une expression dit : il faut se préparer au pire et le meilleur viendra de lui-même », a déclaré samedi dans un entretien à l’AFP Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Louhansk, qui abrite notamment les villes de Sievierodonetsk et Lyssytchansk. « Bien sûr qu’il faut qu’on se prépare », a ajouté celui qui a plusieurs fois prévenu que les Russes finiraient par encercler Lyssytchansk en coupant ses principales routes d’approvisionnement. À Lyssytchansk « la situation est difficile, dans la ville et dans toute la région », a souligné Serguiï Gaïdaï, car les Russes « bombardent nos positions 24 heures sur 24 ». M. Gaïdaï a ajouté que voir sa ville natale, Sievierodonetsk, être bombardée et des gens qu’il connaît mourir est « douloureux ». « Je suis un être humain, mais j’enfouis cela au plus profond de moi », a-t-il déclaré, ajoutant que sa tâche était « d’aider les gens autant que possible ».