Le député RN Grégoire de Fournas, ici à l’Assemblée nationale, est accusé d’avoir employé des travailleurs étrangers.
POLITIQUE – C’est l’histoire d’un élu du Rassemblement national (RN) qui s’oppose à l’immigration et aux directives européennes sur le travail détaché, mais qui emploie des migrants sur son vignoble.
C’est la conclusion d’une enquête de franceinfo diffusée ce samedi 12 novembre sur les activités viticoles de Grégoire de Fournas, élu en Gironde et confirmé à l’Assemblée nationale pour ses propos racistes tenus en hémicycle.
La chaîne d’information s’empare essentiellement des accusations qui circulent contre le député d’extrême droite et qui ont été rapportées par Libération il y a quelques jours. Seulement cette fois, franceinfo va plus loin en publiant une photo montrant un campement de fortune où vivaient trois ouvriers portugais dans son vignoble et interrogeant des journalistes allemands qui s’y étaient rendus pour un reportage sur l’avancée du vote lépéniste dans cette région viticole.
Nos recherches montrent que Grégoire de Fournas a employé des travailleurs étrangers à de nombreuses reprises, donc…
— Julien Pain (@JulienPain)
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« Des travailleurs saisonniers du Portugal campent ici »
Un travail documenté qui met à mal les discours de Grégoire de Fournas, qui s’est vanté à plusieurs reprises d’une préférence nationale pour le recrutement dans sa ferme du Médoc. “Moi, je suis vigneron à Saint-Germain-d’Esteuil, avec beaucoup moins de ressources que les grands vins de Pauillac, et pourtant je n’emploie que des ouvriers locaux”, a-t-il déclaré en France. Bleu en 2019.
Pourtant, le député girondin a dérogé au moins deux fois à cette règle, ce qui ne correspond pas aux discours du RN. Une première fois sans connaître son libre arbitre, après que Grégoire de Fournas s’était publiquement plaint d’avoir été floué par l’entreprise chargée d’embaucher des saisonniers. « J’appelle un prestataire français qui m’envoie… 4 Roumains ! C’est la dernière fois que cette entreprise mettra les pieds chez moi”, a-t-il déploré sur Facebook.
En avril 2022, cependant, la situation est différente. A l’occasion d’un reportage réalisé dans la région, des journalistes du journal Frankfurter Allgemeine Zeitung se sont rendus dans sa propriété pour discuter avec le candidat de l’époque aux élections législatives.
“Deux chiens qui aboient partout. Si vous les suivez, vous atteindrez un camping derrière un entrepôt. A l’abri des regards indiscrets, des saisonniers du Portugal campent ici », écrivent les journalistes, qui disent interroger Grégoire de Fournas sur cette main-d’œuvre étrangère.
Le député RN Grégoire de Fournas (“qu’il reparte en Afrique”) dénonce le recours aux travailleurs étrangers. La recherche…
— Julien Pain (@JulienPain)
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“Il n’y avait tout simplement pas de travailleurs français disponibles”, a répondu l’intéressé, précisant qu’il s’agissait d’une exception. A franceinfo, l’élu RN rejette son père, propriétaire de l’exploitation, et affirme qu’il n’occupe aucune fonction dans le vignoble.
Ce que ses déclarations à la presse démentent, tout comme une conversion entre l’élu et Le HuffPost lors de la rentrée du RN à l’Assemblée, durant laquelle Grégoire de Fournas s’était écrié sur la difficulté de concilier son activité de viticulteur avec la vie parlementaire.
“Journalisme Stratégique”
Après la diffusion de ces révélations, Grégoire de Fournas s’est indigné sur Twitter. “Cette “enquête” de franceinfo est d’une malhonnêteté incroyable : c’est moi qui ai médiatisé la façon dont certaines entreprises ont mis les vignerons devant le fait accompli”, s’étrangle le député, qui ajoute : “cette chasse à l’homme de ce journalisme militant, c’est sécher”.
Cette “enquête” de France Info est incroyablement malhonnête : c’est moi qui ai publié le chemin…
— Grégory Fournas (@gdefournas)
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En attendant, les opposants politiques au Rassemblement national n’ont pas manqué d’utiliser cette enquête pour confronter le député. « Chez RN, nous n’aimons pas les étrangers. Sauf pour ceux qui peuvent être exploités”, a déclaré le communiste Fabien Roussel sur le même réseau social.
“Le député xénophobe De Furnas a été pris en flagrant délit d’emploi de travailleurs étrangers pour son entreprise en les logeant dans des tentes. Cela lui a permis de faire plus de bénéfices”, accuse le député NUPES de Paris, Rodrigo Arenas.
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