“Mes trois enfants n’ont plus de père. Ils méritent un père. C’était une mauvaise décision qui leur a coûté tout ça”, raconte Marie-Hélène Byrne. David Richard, son mari, est décédé à l’âge de 31 ans le 30 juillet 2021. Il s’agissait d’une deuxième surdose de fentanyl en quelques jours. “J’ai vu son dernier souffle et c’est quelque chose qui me traumatise. Mon fils de neuf ans a vu toute la scène. Je pense que c’est quelque chose qui peut blesser un enfant.” Peu avant sa mort, rien n’indiquait que M. Richard allait rencontrer une telle fin. “Il était un père aimant pour ses trois enfants”, déclare Byrne. Il retournerait à l’école un mois plus tard. Il allait suivre une formation pour devenir électricien. » DÉPENDANCE CACHÉE Ce père vivait pourtant tranquillement avec une dépendance aux opioïdes qu’il avait lentement développée depuis 2015, date à laquelle on lui a diagnostiqué un trouble de la personnalité borderline. « On lui a prescrit Ativan pour le calmer. À un moment donné, cela n’a pas eu assez d’effet. Il en avait toujours besoin de plus », raconte sa femme. Il a ensuite réussi à obtenir du Xanax, qui à son tour est devenu insuffisant. Sa dépendance s’est aggravée après être tombé d’une échelle en peignant. Un médecin lui a alors prescrit des opioïdes pour soulager sa blessure au dos. Il est devenu accro, a vu sa vie basculer lorsque son médecin a arrêté sa prescription. “C’est là qu’il a décidé d’aller voir dans la rue”, raconte Marie-Hélène Byrne. “C’était le 29 juillet. Il a décidé d’aller à Montréal, Berri-UQAM. Il est descendu du métro et le premier interrogateur lui aurait proposé du fentanyl. D’après ce qu’il a pu dire à sa femme avant de mourir, M. Richard a acheté une trousse à boire et on lui a dit comment l’utiliser. Ce même jour, M. Richard fait sa première overdose en consommant ce qu’il vient d’acheter. UN SERVICE UNIQUE Sauvé brièvement par les ambulanciers et hospitalisé, il a promis à sa femme de ne plus jamais toucher à la drogue. Cependant, quelques heures seulement après sa sortie de l’hôpital, M. Richard a subi une deuxième overdose, cette fois mortelle, devant son fils et sa femme. “J’étais très triste, mais aussi déçu. Soudain, vous vous demandez comment cette personne a pu vous mentir. Cela m’a choqué qu’il l’ait ramené à la vie une fois, puis qu’il me l’ait refait.” Selon le rapport médico-légal, ce que M. Richardos a consommé contenait, entre autres, du fentanyl et de l’étizolam. C’est le mélange toxique de ces deux substances qui a conduit à sa mort. Si Mme Byrne a accepté de témoigner, c’est pour avertir les gens et les faire “réfléchir 100 fois avant de prendre du fentanyl dans la rue”. « Je trouve qu’il n’y a pas assez de campagnes de sensibilisation, surtout à Montréal. Il n’y a aucune indication qui parle des dangers du fentanyl, des conséquences de l’achat de ces substances.