En 2017, près d’une cinquantaine d’élus sont des fonctionnaires de catégorie A, c’est-à-dire des personnels d’encadrement, de conception et d’administration, des hauts fonctionnaires et des enseignants. Les deux autres professions les plus courantes à l’époque étaient avocat et médecin. Plus de 17 % des députés élus en 2017 exerçaient l’une de ces trois professions. En 2022, les cadres de la fonction publique (75 députés), devant les cadres des entreprises et du commerce (66) et les professions libérales (58), restent les plus représentés. Mais aussi des professions très différentes entrent à l’Assemblée, principalement du côté des Noupes et de la Coalition nationale.

Les membres de la CGT

Le cas le plus médiatisé est celui de la députée du Val-de-Marne Rachel Kéké, une femme de ménage qui a mené une grève de 22 mois à l’Ibis Batignolles et a fini par bénéficier d’une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail avec la CGT. Celui qui déclare la nécessité de l’assemblée “pour les gens vivant sur terre, dans des transactions invisibles” ne sera pas le seul issu de l’union à entrer à l’Assemblée. Andy Kerbrat, député LFI de Loire-Atlantique, 31 ans, a représenté la CGT pendant quatre ans avant de se lancer en politique. Téléconsultant sur une plateforme d’aide à la voiture et militant LGBT, il est entré à l’Assemblée. Ancienne syndicaliste à la CGT lorsqu’elle était tête de lettre, Martine Etienne, aujourd’hui à la retraite, est une députée insoumise de Meurthe-et-Moselle. Egalement issue des institutions représentatives du personnel, Ségolène Amiot, adjointe LFI Loire-Atlantique, est télécontrôleur d’assurances et membre du CHSCT. Une mission “compliquée quand les lois sont faites pour les employeurs”. Lire la suite

Adjoint au nettoyeur et femme de ménage

Rachel Kéké ne sera pas la seule représentante de son domaine d’activité. Lisette Pollet, 54 ans, a été salariée d’Élior puis de Sodexo. Elle était à la tête de l’équipe de nettoyage d’un lycée privé, jusqu’à son élection. Elue dans la 2e circonscription de la Drôme, elle fait partie des 89 députés de la Coalition nationale. Katiana Levavasseur, 52 ans, agent d’entretien et de nettoyage dans un supermarché, fait également partie des 89 élus du RN. Elue à l’Eure, elle veut défendre “l’occupation des petites mains en France, qui (elle) se réveille tôt le matin”.

Les soignants sont représentés

La députée LFI Caroline Fiat, assistante en EHPAD depuis sept ans, ne sera plus la seule représentante de la filière à la Convention. Face aux bancs en plein cintre, il rencontrera Christine Loire, aide-soignante de 45 ans et mère de trois enfants, députée de l’Eure. Il reconnaît qu’il n’est pas “une personnalité politique professionnelle, mais sensible aux questions qui bouleversent la vie des gens”. Élu dans les anciennes circonscriptions de Jean-Louis Debré et Bruno Le Maire. A 46 ans, Serge Muller est l’adjoint du RN de Dordogne. Il explique être entré en politique presque par hasard, son père était grutier à Toulon et sa mère vendeuse puis mère au foyer. “Ce que nous proposons, c’est de l’honnêteté, de la bienveillance ; nous essaierons de faire au mieux pour tenir nos promesses !”, a-t-il déclaré à France 3.

Le monde rural à l’Assemblée

Les agriculteurs seront également représentés à la Convention présidée par Grégoire de Fournas, député RN de Gironde et viticulteur, avec son père, Château Vieux Cassan. Ses convictions idéologiques : souveraineté nationale, arrêt de l’immigration vers la France, défense des valeurs familiales traditionnelles et de la chasse, et forte opposition aux éoliennes, précise Sud Ouest. Il y a aussi Eric Martineau, pomiculteur et adjoint sarthois pour Modem. Ce fils d’agriculteur a repris l’exploitation familiale créée à la fin du XIXe siècle, qu’il dit avoir transformée en “production écologiquement responsable et biologique, avec des circuits courts” et une ferme “rurale”.

Employés à l’Assemblée

Spécialiste de l’aéronautique, Laurent Alexandre est aujourd’hui adjoint de l’Aveyron au Nupes. Ses dossiers prioritaires : “la fermeture des lits médicalisés à Villefranche-de-Rouergue (…) voire des services publics absents de notre circonscription, des déserts médicaux…”, explique-t-il au Centre Presse. Sous le même label, Mathilde Hignet, agricultrice bio de 29 ans, devient adjointe d’Ille-et-Vilaine. Elle travaille sur la ferme de ses parents, “pionniers de l’agriculture biologique”, qui produit du cidre, du jus de pomme, des céréales et des pommes de terre. Titulaire d’un diplôme d’assistante de cuisine, elle a également travaillé dans une maison de retraite médicalisée de sa ville natale.

Les députés de l’éducation

De nombreux députés européens sont issus du monde de l’éducation. Marianne Maximi, éducatrice diplômée et adjointe Nupes du Puy-de-Dôme, travaille dans la fonction publique auprès d’enfants placés. Anna Pick, CPE à Cherbourg, a été surveillante de collège pendant sept ans, devenant adjointe de Canal pour Nupes. HVert Ott, professeur SVT, est aujourd’hui député du Haut-Rhin pour la Renaissance. A 57 ans, cet écologiste a créé il y a plus de trente ans l’association Rouffach Inciment Nature, qui s’est imposée comme pionnière de la protection de l’environnement sur le territoire. Ancienne élève accompagnatrice d’étudiants en situation de handicap et aujourd’hui secrétaire dans un cabinet d’avocats, Murielle Lepvraud est l’adjointe des Nupes pour les Côtes-d’Armor à 46 ans, après un premier revers en 2017. Sa priorité est « la défense des services publics ».

Un pompier et un policier à l’Assemblée

Les professions vouées à la protection des personnes seront également représentées à l’Assemblée. Didier Lemaire, pompier professionnel, est désormais député du Haut-Rhin sous la bannière de la majorité présidentielle. Veut investir principalement dans la santé, la sécurité et la jeunesse et l’éducation. Du côté du RN, c’est un policier, ancien boxeur professionnel, qui devient adjoint. Antoine Villedieu, 32 ans, est député de la Haute-Saône. A sa retraite sportive, ce petit-fils de maire socialiste est devenu policier à Besançon et délégué national de la Fédération indépendante de la police professionnelle (FPIP), un syndicat proche de l’extrême droite. Son engagement politique a commencé aux élections municipales de 2020 lorsqu’il a été élu maire sur la liste du maire de Vesoul Alain Chrétien (Horizons). Il démissionne six jours après son installation et devient, dans la foulée, un représentant partiel du RN.

Les chauffeurs sont élus députés

Parmi les profils contradictoires, celui de Jorys Bovet, choisi RN dans l’Allier à tout juste 29 ans. Ce chauffeur-livreur, qui travaille depuis l’âge de 16 ans, veut lutter contre la pauvreté et la désindustrialisation qui touchent particulièrement son territoire, qui connaît un taux de pauvreté extrêmement élevé. “Je connais la vie d’un monsieur et d’une dame de tous. Et je vois que depuis plusieurs années, le pouvoir d’achat se dégrade”, a-t-il déclaré à La Montagne. Toujours dans les transports, mais cette fois pour les personnes, Sébastien Delogu, député LFI de Marseille de 35 ans et chauffeur de taxi, le même fils de chauffeur de taxi. Il a commencé à travailler à l’âge de 18 ans comme vendeur de prêt-à-porter et agent de sécurité, mais s’est fait connaître en 2016 lorsqu’il s’est battu contre “l’abus” du business des taxis. Proche de Jean-Luc Mélenchon, elle veut comme Rachel Kéké “porter la voix de l’invisible, de l’oublié”, explique-t-elle à Sud Radio.

Un marin, une femme au foyer, ancien sous-carrossier RN

Pierrick Berteloot, marin de 23 ans et employé d’une compagnie maritime, est aujourd’hui député du Nord. Son engagement, explique-t-il, remonte à 2013, lorsqu’il était au lycée professionnel de Boulogne-sur-Mer. Il est victime de “harcèlement” en raison de son “embonpoint” et de son “homosexualité”. Un moment qu’il caractérise comme un « accélérateur » de sa politique d’engagement, qu’il concrétise en étant d’abord conseiller municipal puis conseiller régional. Dans l’Aube, Angélique Ranc, ancienne conseillère clientèle et mère au foyer, a été élue députée à 34 ans. Consultante régionale pour le Grand Est, elle explique que son engagement en politique a commencé après avoir été “infectée” par la politique par son mari militant sur RN, “en regardant et en écoutant des vidéos de Jean-Marie Le Pen”, rapporte l’Express. RN fait également venir à l’Assemblée José Beaurain, 50 ans, receveur de piano aveugle et vice-champion de France de musculation, élu dans l’Aisne. Avec cette élection, José Beaurain explique qu’il a “le sens du sens à sa vie”. Il affirme avoir été séduit par “l’accueil et la gentillesse” que l’on retrouve sur FN. “Les vrais racistes que j’ai rencontrés n’étaient pas sur RN”, a-t-il ajouté. VIDEO – Jean-Michel Aphatie : “Le vrai adversaire de Macron, celui qui a le plus grand avenir, le grand vainqueur de cette élection parlementaire, c’est Marin Le Pen”