L’idée est pourtant simple puisque les deux créateurs basent leur réflexion sur l’idée de la NASA dans les années 1970 d’envoyer dans l’espace, attaché à une sonde spatiale, un disque, appelé le Golden Record, qui contiendrait un échantillon de la mémoire de notre civilisation. à l’attention d’éventuelles autres vies qui le pourraient, si elles étaient au courant du contenu de cette mémoire virtuelle de ce que nos civilisations terrestres ont été ou seraient. Et si nous, en tant que spectateurs, voulions laisser une telle marque, que choisirions-nous comme preuves audio et visuelles pour nous souvenir ? “C’est pourquoi on demande à ceux qui viennent voir le spectacle de commencer par aller sur le site du théâtre et de proposer des chansons, des images et même des vidéos qu’ils aimeraient que ce disque contienne, explique Maxime Carbonneau en entrevue et tous les soirs, on va utiliser ces différents contenus pour les intégrer dans le spectacle.” Une forme de participation et d’interaction avec le public. On le sait, Maxime Carbonneau et Laurence Dauphinais s’intéressent depuis plusieurs années aux nouvelles technologies et à ce qu’elles apportent à la communication. « Il y a une application sur le site pour iPhone, iPad et Android, poursuit Maxime Carbonneau, sous forme de jeu vidéo, qui est comme un prologue au jeu. Nous l’avons créé pour que tout le monde soit sur le même pied et que les suggestions soumises soient utilisées par les comédiens sur scène. Mais si les gens ne le font pas, ce n’est pas dramatique, ils ne seront pas perdus pendant le spectacle. Tous deux souhaitent les intégrer dans la création théâtrale non seulement pour l’aspect esthétique supplémentaire mais aussi pour interpeller notre réflexion sur la façon dont nous les utilisons. Comme le souligne brillamment Laurence Dauphinais : « J’ai, comme Maxime, une fascination pour ce monde virtuel et en même temps je m’inquiète. On voit aujourd’hui des risques avec ce qui est mis sur les réseaux sociaux, ou encore avec le partage de nos données sur lesquelles on n’a pas toujours le contrôle et en même temps, aujourd’hui on pourrait se passer de ces nouvelles technologies, de la rapidité d’échange des informations et connaissances et maintenant nous voyons les progrès de l’intelligence artificielle qui seront bientôt à notre disposition. Il faut y réfléchir, en fait, apprendre à mieux utiliser ces nouveaux outils en essayant de mieux les comprendre.” Si nous sommes des apprentis magiciens dans ce domaine, il est donc bon de se challenger et peut-être d’améliorer notre façon de les utiliser. Les deux compères avaient déjà créé SIRI en 2016. Cette assistance vocale intégrée à nos téléphones portables interagissait sur scène avec les comédiens, avec Si jamais vous nous entendez, c’est le public qui, à travers l’application, sera invité sur scène. “Ce qui nous a captivés avec le Disque d’or, c’est d’une part l’exploration de l’espace, mais toute la question de la mémoire inscrite sur ce disque qui pourrait survivre à la terre ou au soleil, poursuit Maxime Carbonneau. C’est le seul morceau d’éternité que l’espèce humaine aura créé et qui parlera peut-être en notre nom même après notre départ.” Et la question alors soulevée par les deux artistes est ce que nous aimerions léguer dans une possible éternité. Une tentative de projection qui nous demande de représenter une inconnue spatio-temporelle. A la fin de l’interview, je me demande si les deux amis ont déjà une émission à venir autour de GPT-3 en tête. Maxim et Lawrence se regardent surpris puis m’adressent un sourire narquois. Oui, c’est sur leur planche à dessin et cette nouvelle application peut être sur scène et générer des textes. Mais il est encore trop tôt pour en parler