Posté à 17h00
                Fanny Lévesque La Presse             
                Photos : Philippe boivin La Presse             

(Matane) Il est environ midi lorsque nous rencontrons Pascal Bérubé à son bureau de vote de la rue Fraser. “Bienvenue à Matane !” « Le député sursaute en ouvrant la porte toute grande. Il est seul au travail en ce dimanche gris et brumeux de juin. C’est loin d’être une exception, comme en témoigne le tout nouveau Richard Z. Sirois, qui s’arrête par accident lorsqu’il nous voit. “Son tank est toujours là”, raconte l’humoriste. Photo de Philippe Boivin, LA PRESSE Richard Z. Sirois, humoriste et militant du Parti Québécois, avec Pascal Bérubé Pascal Beroube a accepté l’invitation de passer quelques heures avec La Presse alors que les partis politiques se préparent pour l’élection du 3 octobre. En route vers l’usine Esprit-Saint, dans le domaine équestre voisin, où il donne un coup de main au Parti Québécois nouvellement recruté à Rimouski. « Es-tu fumeur ? », demande-t-il, en actualisant les 140 km pour descendre en notre compagnie. Un voyage dans lequel il s’ouvre sans filtre. Et où le “tu” cède rapidement la place au “tu”. La semaine qui vient de se terminer a été particulièrement difficile pour le PQ, avec le départ de l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et la suppression de la CAQ, qui a recruté Bernard Drainville. Les analystes politiques ont une journée sur le terrain : est-ce la mort du PQ ? Photo de Philippe Boivin, LA PRESSE Pascal Bérubé dans son bureau de Matane Au volant de son véhicule, Pascal Bérubé en a marre des discours défaitistes. “Il doit arrêter, il ne doit rien faire”, dit-il. « Voulez-vous avoir une bonne campagne basée sur des idées, des suggestions ? OK, fais-le sauter. […] Je vous dis que cela n’arrivera pas. Alors, si nous voulons une élection palpitante, j’en appelle à tous les prophètes de destruction et à ceux qui, pour la énième fois, se croient originaux en disant de se taire. “Et si vous étiez le seul élu le 3 octobre ?” – Il n’arrivera pas. Question hypothétique, je saute. Je ne veux pas répondre à cela. « Mais est-ce que tu y penses jamais ? – Jamais. Je n’ai peur de rien dans la vie. Je n’ai peur de rien en politique. » Reconnu pour être un travailleur acharné, le membre de Matane-Matapédia est poussé par l’adversité. Il « ne croit pas » aux scénarios selon lesquels la coalition Avenir Québec remportera 100 sièges aux prochaines élections. Il parie que le Parti Québécois fera des profits et ne se limitera pas à l’est du Québec. “Ça va être difficile; Parfait. Je veux être dans cette équipe. »

Pression instable

Pascal Beroube gare la voiture devant une épicerie le long de la route 132. Il sort avec un gourou et un paquet de cigarettes. Il avait réussi à se débarrasser de cette mauvaise habitude cet hiver, mais il vient de rechuter. Il inspire quelques respirations avant de retourner à son siège. “Ma copine est furieuse”, souffle-t-il. Derrière ses regards de combat infatigables, cependant, se cachent quelques vulnérabilités. “Je suis constamment nerveux, j’ai régulièrement des crises d’angoisse”, révèle-t-il. Les gens trouvent ça amusant, Bérubé qui fait des discours, pas des notes, mais l’énergie qu’il tire de moi au début, le stress… Pascal Bérubé, député de la circonscription de Matane-Matapédia “Je crains de ne pas avoir le vertige, de peur de m’évanouir constamment au début des discours. “Il a à peine pris la parole lors d’un événement à Québec quelques jours avant notre entrevue. “J’ai tendu la main à Paul [St-Pierre Plamondon, le chef du PQ] que je ne serais pas capable de le faire”, dit-il, mais il y est finalement arrivé. En 2014, alors qu’il était ministre du Tourisme, il a également eu une brève maladie avant de prononcer un discours au Cruise Forum à Québec. Photo de Philippe Boivin, LA PRESSE Pascal Bérubé à l’église de l’Esprit-Saint pour une brocante Au fil des kilomètres, Pascal Bérubé aborde son rapport au travail sans tabous. Il ne nie pas que sa vie tourne autour de lui. Il répond en une minute et ne se perd même pas sur les réseaux sociaux. “Je dors quatre heures par nuit depuis des années. J’ai hâte de commencer la matinée car je suis devant les autres. […] Je suis curieux à ce sujet. » Son modèle est l’ancien député François Zentron, doyen de l’Assemblée nationale, où il a siégé pendant 42 ans. Avec 15 ans de retard sur l’égalité, il plaisante en disant qu’il pourrait battre le record. « Vous voyez-vous faire ça encore longtemps ? « Autant que ma santé le permet. »

“Aucune envie de devenir Premier ministre”

Photo de Philippe Boivin, LA PRESSE Pascal Bérubé dans l’église du Saint-Esprit Pascal Beroube grille 1, en direction de Métis-sur-Mer. Passionné d’histoire, il plaisante sur tout et connaît sa circonscription sur le bout des doigts. “Je sais qu’il le fait exprès”, dit-il en désignant un drapeau canadien flottant sur le sol d’une maison de luxe. Le député domine Matane-Matapédia, où il a remporté une majorité historique de 17 279 voix en 2018. Un sondage Léger mené par le PQ en mai révélait que 92 % de ses concitoyens étaient satisfaits de son travail. Lui qui dit ne rien tenir pour acquis avoue que cette notation a conforté sa décision de briguer un nouveau mandat. Photo de Philippe Boivin, LA PRESSE Pascal Bérubé, député de la circonscription de Matane-Matapédia je me suis posé la question […]. J’ai eu plusieurs offres intéressantes, privées et publiques, je les ai toutes refusées. Il n’y a rien que j’apprécie plus que d’être député. Pascal Bérubé, député de la circonscription de Matane-Matapédia En effet, l’homme de 47 ans a même du mal à s’imaginer dans un autre rôle. Pas même comme chef du Parti québécois. “Jamais,” dit-il, en insistant sur le mot. “Ça ne m’intéresse pas […]. “Cela comprend devenir premier ministre et je n’ai aucune envie de devenir premier ministre”, a déclaré le parti, qui est le chef intérimaire du parti depuis 2018 avant l’élection de Paul St-Pierre Plamondon à la tête. Arrivé à destination, Pascal Bérubé descend du véhicule sans tarder. En cours de route, il a dit qu’il avait un “charme” pour l’histoire et les héritages d’une autre époque. Les bazars tournent. Servi : l’usine Saint-Esprit annonce “plein flux de stock”. Il salue brièvement les quelques volontaires – il s’excuse plus tard – qui sont attirés par les vieilles choses qui sont posées sur de grandes tables. C’est dans ces lieux animés que Jacques Parizeau prononce un discours en 1971 lors de l’Opération Dignité II, grand mouvement de protestation populaire contre la fermeture des villages. L’Église du Saint-Esprit n’est plus ce qu’elle était. Un peu comme le Parti Québécois.