La justice iranienne a annoncé, mercredi 16 novembre, trois nouvelles condamnations à mort de manifestants, où sept personnes ont été tuées en deux jours lors du mouvement de contestation après la mort de Mahsa Amini. La nuit de mardi à mercredi a vu des scènes de violence dans de nombreuses villes. Les manifestants ont également marqué le troisième anniversaire d’un autre mouvement, celui-ci en 2019, déclenché par la hausse des prix du carburant, également réprimée dans le sang. A lire aussi : L’article est pour nos abonnés Dans les rues d’Iran, la liberté et la rage de la jeunesse : “Je me bats, je meurs, je reprends l’Iran”
Plus tard mercredi, des assaillants à moto ont ouvert le feu sur des manifestants et les forces de l’ordre sur un marché de la ville d’Izeh, dans le sud-ouest de l’Iran, tuant six personnes et en blessant au moins 10, selon l’agence de presse de la République islamique (ou IRNA, pour l’agence de presse de la République islamique). En anglais). Cette attaque, attribuée par les autorités à des “éléments terroristes”, n’a pas été revendiquée. Trois personnes ont été arrêtées, a rapporté IRNA. Depuis le 16 septembre, la République islamique est secouée par une vague de protestations à la suite de la mort de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans arrêtée pour avoir enfreint un code vestimentaire strict obligeant les femmes à porter le voile islamique en public.

Cinq condamnations depuis dimanche

Les autorités décrivent la plupart des manifestants comme des “émeutes”, orchestrées par des puissances étrangères. La justice a prononcé mercredi la peine de mort contre trois personnes accusées d’avoir participé aux manifestations, a rapporté l’agence judiciaire Mizan Online, portant à cinq le nombre de condamnations à mort depuis dimanche. L’un de ces hommes a foncé avec sa voiture sur les policiers, tuant l’un d’eux, le deuxième a blessé un garde avec une arme blanche et le troisième a tenté de bloquer la circulation et de “semer la terreur”, selon les actes d’accusation. Malgré la répression, la mobilisation ne faiblit pas dans les rues. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés En Iran, le guide suprême Ali Khamenei sort de son silence pour soutenir la répression
“Nous allons nous battre! Nous allons mourir ! Nous reprendrons l’Iran ! Des dizaines de manifestants ont scandé autour d’un feu de joie pendant la nuit à Téhéran, selon une vidéo publiée mercredi par le média en ligne 1500tasvir. Au Kurdistan iranien (nord-ouest), d’où est originaire Mahsa Amini, “les forces gouvernementales ont ouvert le feu” sur des manifestants dans plusieurs villes et trois d’entre eux ont été tués, deux à Sanandaj et un à Kamyarana, l’organisation non gouvernementale de défense des droits humains Hengaw, basée à Oslo, a-t-il déclaré mardi soir. Mercredi, un manifestant, Burhan Karmi, a été tué devant le domicile de l’homme tué la veille à Kamiarana, Fouad Mohammadi, un commerçant, dont les proches s’étaient réunis pour ses funérailles, selon Hengaw. “Notre frère Fouad est un héros, le martyr du Kurdistan”, scandait la foule, selon des vidéos mises en ligne. Un appel à trois jours de mobilisation entre mardi et jeudi avait été lancé pour marquer le “novembre sanglant” de 2019, lorsque des manifestations ont conduit à des violences meurtrières dans plusieurs villes.

Peur des “exécutions massives”

L’agence de presse officielle IRNA a rapporté que deux gardiens de la révolution et un paramilitaire ont été tués mardi lors de manifestations dans les villes kurdes de Bukan et Kamiyaran (nord-ouest) et Shiraz (sud). Au moins 342 manifestants ont été tués dans la répression contre le mouvement, selon un nouveau rapport publié mercredi par Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo. Selon l’IHR, au moins 15 000 personnes ont été arrêtées, un chiffre démenti par Téhéran. Lire l’interview : Après la mort de Mahsa Amini en Iran, “ce sont les femmes qui sont au front des manifestations, c’est du jamais vu”
Dans la province méridionale du Fars, 110 personnes, dont 18 femmes, ont été arrêtées mardi pour avoir bloqué des routes, détruit des biens publics et jeté des pierres sur les forces de sécurité, a rapporté IRNA. “Les manifestants n’ont pas accès à des avocats pendant les interrogatoires, sont soumis à des tortures physiques et psychologiques pour faire de faux aveux, et sont condamnés sur la base de ces aveux par des tribunaux révolutionnaires”, a déclaré le directeur de l’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam. Il a dénoncé les condamnations à mort de manifestants, typiques d’un “régime oppressif” et dit craindre “des exécutions massives”. A Londres, le chef du renseignement britannique Ken McCallum a mis en garde mercredi contre des “menaces imminentes” de la part de l’Iran, qu’il accuse de chercher à “enlever ou tuer” des Britanniques “perçus comme des ennemis du régime”. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés En Iran, “il vaudrait mieux abolir le journalisme”, suggère le Comité des journalistes
Le monde avec l’AFP